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 Une étape à Figeac

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Marcus Cormoran


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MessageSujet: Une étape à Figeac   Une étape à Figeac Icon_minitimeSam 13 Jan - 2:02

Après quelques jours de fête modérée aux Rousses et une significative baisse de fréquentation des pistes depuis la fin des vacances scolaires, j'ai posé mon petit congé de quelques jours pour aller me réchauffer à Saint Sébastien en Espagne où j'ai rendez-vous avec un ami. A la station, une collègue très sympa qui partait le même jour que moi à proposé de me conduire jusqu'à Clermont où elle se rend chez sa soeur. Ca tombe bien.
On a donc roulé quelques heures ensemble et parlé de nos vies respectives avant qu'elle me jette près de la cathédrale, en me filant ce qui lui restait de titres pour les transports en commun. On s'est vite fait parlé de faire le retour ensemble, et on a échangé nos numéros.  

Il se trouve que je n'avais jamais été à Clermont avant et je m'attarde un peu. Naturellement, je fais quelques photos. Je regarde les gens dans le zoum ... Je pense qu'il va falloir que je me remette en route si je veux arriver un jour, puis je finis par aborder un groupe de personnes qui contemplent et prennent des photos, comme moi. Je leur pose quelques questions et j'apprends notamment qu'à l'origine Clermont-Ferrand se composait de deux villes : Clermont et Montferrand, qui étaient rivales, et dont l'unification fut imposée par Louis XIII et son edit de Troyes. Je papote un moment avec ces gens qui sont en fait des passionnés d'histoire et plus précisément d'histoire ésotérique. Je ne comprends pas tout de leur discussion très référencée et je finis par leur dire au revoir après qu'ils m'aient expliqué comment rejoindre l'autoroute.


Après une bonne marche, je me poste avant l'entrée de l'A75 ; et je commence à lever le pouce. Quelques personnes s'arrêtent pour demander où je vais, ah dommage c'est pas vraiment ma route ! bonne chance. Je poireaute comme ça un moment, de toute façon c'est pas comme si j'allais plus vite à pieds, puis j'y crois de toute façon. Au bout d'une bonne heure c'est un papi qui s'arrête avec sa camionnette, qui me demande où je vais. Je lui dis peu importe, parce que j'en ai un peu marre. Je lui dis, du moment qu'on va au sud. Il me dit que lui il va à Figeac, qu'il peut me déposer où je veux. Je suis touché par son attention, son air d'avoir besoin de discuter ... Après une brève hésitation, j'écarte en grand sa portière et me laisse tomber sur le siège usé du passager. Pendant que nous roulons je regarde la carte mais il n'a pas besoin que je lui indique les directions. Je fais mon petit calcul, il faudra surement que je fasse une étape, lorsque nous arriverons il commencera à être tard ; et demain je pourrai surement prendre un train et être à la frontière avant midi.

Alors je fais la route avec Patrick qui est un Monsieur très sympathique. Il me pose des tas de questions, on dirait que je l'amuse. Il me dit, tu vas faire quoi à Figeac, je lui réponds je ne sais pas trop, surement trouver quelque chose à faire jusqu'à demain et de fil en aiguille il me propose de manger chez lui, et puis de rester dormir, demain il m'emmènera à la gare, il y a des trains qui vont jusqu'à Biarritz. Génial ... !

Après plus de trois heures à écouter les deux seuls CD existants dans cette voiture, nous arrivons enfin à Figeac. C'est mignon et avec Patrick on fait un peu le tour, il me montre certains endroits ; nous finissons par arriver chez lui. Très accueillant, il me montre le canapé où je vais dormir cette nuit (il n'a pas peur, c'est vrai, en même temps je m'aperçois que sa maison est tres encombrée mais que rien ne semble avoir aucune valeur), ainsi que le reste de sa tanière et m'explique où trouver ce dont je pourrais avoir besoin. Puis nous nous posons pour boire un café, chacun respectant le silence de l'autre. La route a été longue et nous sommes fatigués. Après quelques minutes Patrick m'annonce qu'il va regarder la télévision et peut être faire une sieste, j'en profite pour manifester mon besoin d'aller marcher dehors et précise que je rentrerai plus tard. Patrick approuve, et nous nous quittons là pour le moment.


Une fois dehors je me rends compte que j'ai encore la nausée à cause de la voiture, accompagnée d'un léger mal de crane. Je me promène un peu et inspire longuement l'air frais de la fin d'après midi. Je traverse le Célé mon appareil photo devant les yeux et je continue ma route touristique jusqu'à croiser le musée Champollion. Je serais curieux d'entrer mais ... pas le courage d'être enfermé.
Je fais un tour sur moi-même pour me situer, je repère un banc et j'y vais m'assoir à califourchon, pose mon sac à dos devant moi. Je sors mon ordi et insère la carte mémoire de mon appareil photo. Tandis que je regarde distraitement les clichés qui défilent, je roule un petit joint en essayant de me cacher derrière mon écran. Quelques instants plus tard je l'allume avec satisfaction et commence à recadrer quelques images.
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Tizzie Lagorce


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MessageSujet: Re: Une étape à Figeac   Une étape à Figeac Icon_minitimeSam 13 Jan - 8:21

Ca m’arrive de plus en plus souvent depuis les araignées. Je ne sais jamais où me mettre. J’ai l’impression que je n’ai rien à faire ici sauf aller au cabinet vétérinaire. Laurence est toujours aussi gentille. Elle se demande juste ce qu’une gamine de mon âge peut bien trouver à rester fourrée avec des animaux malades et des gens qui leur ressemblent souvent un peu trop. Elle m’a expliqué que les gens et les animaux avaient une drôle façon de s’accorder. Il est difficile de savoir si c’est l’animal qui s’accorde à son maître ou l’inverse mais c’est vrai qu’elle ma déjà fait remarquer des similitudes physiques et spikologiques entre les deux. Alors forcément, lorsque l’animal est malade, le maître ne va pas très bien non plus, mais je me dis que c’est sûrement comme les parents avec leurs enfants… Je vois de moins en moins Nolan. Ça me fout les boules, mais c’est ma faute. Chaque fois qu’il veut qu’on fasse quelque chose, j’ai autre chose à faire. En fait je sais qu’il me trouve bizarre depuis ce dernier mois et j’ai peur qu’il me pose des questions. J’ai pas envie de lui mentir et en plus je saurais pas bien, je suis sûre.

Mentir pour couvrir une bêtise ou même pour aller en faire une, c’est facile, mais là, y a trop de choses à dissimuler trop de petits mensonges qu’en entraîneraient de plus gros. Comment lui dire que je me suis faite enlever par des extra-terrestres, que je me suis faite découper par des araignées mécaniques mais que ça se voit pas, même si au moins une fois par jour j’ai l’impression de perdre une partie de moi qui se déchire. Je peux pas lui dire non plus qu’à cause de moi quelqu’un s’est fait tuer et qu’en fin de compte, non elle est pas morte et que je le sais parce que je me suis téléporter sans le vouloir dans un chalet où j’ai retrouvé un avocat américain qui était avec les araignées aussi et qu’on s’est retrouvées sur Skype. Je savais même pas que ça existait Skype. Alors, à l’école, je joue plus trop au foot à la récré, je joue plus trop du tout d’ailleurs à part toute seule avec les glands qui restent sous les chênes du fond du terrain de la cours. Faut dire qu’elle est grande la cour de l’école !

C’est dimanche et quand y a pas école et que le cabinet est fermé, je traine les pieds et mes guiboles abîmées et j'explorais mon quartier, tout Figeac même. Des endroits où j’allais jamais avant parce que je sentais que j’avais rien à y faire. C’est bizarre comme certains endroits arrive à te crier à la figure que tu devrais pas être là. Alors je grimpe un peu partout pour voir la rue d’après ou dans les jardins dissimulés Je me vautre aussi mais j’m’en fous. Alors écorché mon visage, écorchés mes genoux, écorché mon p'tit cœur tout mou. J’ai entendu cette chanson par hasard dans la rue pendant les fêtes de décembre, crachée par les haut-parleurs qu’ils accrochent dans les platanes ou sur les murs. Avant je remarquais jamais ça mais depuis, je sursaute en pensant à la voix dans le train. Si c’est une chanson et une voix de femme ça va, mais si c’est un homme qui cause, je cherche une cachette de yeux, et puis je me moque de moi avec le visage de Yoko qui revient me sourire.

J’ai mis mon manteau déchiré à l’intérieur à cause de Yoko. Koko la chouette. Il a pas encore été lavé alors je me suis pas encore fait engueuler. Du coup, avec toutes mes excursions il commence à plus être très net. Le principal c’est qu’il me tienne chaud assez pour me balader.

La place Champollion c’est pas mon quartier, mais aujourd’hui c’est là que je suis arrivée, je sais pas trop comment. Elle est plutôt mignonne cette place même si c’est l’hiver et que y a aucune fleur. Les portes du musée Champollion sont un peu effrayantes quand elles sont fermées et elles vont bien avec mon humeur alors je me plante tout près pour faire genre elles vont ouvrir leurs mâchoires et m’engloutir. Aujourd’hui, c’est ouvert alors c’est pas pareil. Je reste de l’autre côté de la place appuyée contre une arche à regarder les hiéroglyphes de la porte tes des fenêtres. Je reste plantée à leur pied sans trop savoir ce que je vais faire. Je regarde les gens passer. Ils sont pressés. C’est normal c’est l’hiver et il fait pas chaud même si j’ai connu pire. D’ailleurs preuve qu’il fait pas trop froid, le jeune qui s’est assis sur le banc. Il doit se peler les miches quand même.

Ici tout le monde connait ce Musée et Champollion. On y est allés avec la maîtresse bien sûr. Il est pas très grand, elle nous a dit, mais moi je l’ai trouvé intéressant. Au moins peut être qu’avec cette écriture, j’aurais pas eu besoin d’aller chez l’orthophoniste… Cinq euros, c’est pas cher, mais j’ai pas ça. D’ailleurs j’ai jamais d’argent sur moi sauf quand j’en tchoure à maman. Mais c’est pas grave parce que le plus beau ici est accessible sans payer.

Oups ! La directrice de l’école traverse la place. J’ai failli pas la reconnaître. Elle a pas son uniforme de directrice. Je me retourne vers la vitrine du café restaurant et je regarde son reflet disparaître dans la rue qui mène aux halles.  Le garçon a sorti un ordinateur en plus de son appareil photo. Quelque chose tombe sous le banc. Je me retourne, dans le reflet c’est pas facile de savoir ce que c’est un truc qui ressemble je sais pas trop à quoi. Un porte-monnaie ou un portefeuille ? En tout cas c’est un truc où pourrait y avoir des sous. S’il partait et que j’arrivais à mettre la main dessus… Je l’observe que si de rien et fais semblant aussi de m’intéresser aux autres passants. Une maman traine sa fille par la main. Elle est pas dans mon école celle-ci. Elle doit sûrement aller à Jeanne d’Arc. Je devine qu’il regarde ses photos sur son ordi et que la mère est pressée. Je ne sais pas trop quelle heure il est. Je suis partie après le repas. Timéo était en train de brailler et ça m’a soulé. Je suis mal de penser ça. Avant j’adorais mon p’tit frère mais là j’ai juste envie de le jeter par le fenêtre. Quand il est né, j’ai pas eu le droit d’aller le voir à la maternité pourtant je sais où c’est la maternité. Maintenant il est à la maison et il dort avec maman et Kevin. Le garçon à l’ordinateur se frotte un peu les mains. Il a oublié ses gants ou qu’on était en hiver.

Il finit par se relever. Ca va être le moment.

« Monsieur ! Monsieur ! Vous avez fait tomber quelque chose ! »

Je sais pas pourquoi j’ai crié ça. Je cours pour traverser les quelques mètres de la place en montrant du doigt l’objet sous le banc.

« Je crois que c’est à vous… »

Me voilà toute hésitante et un peu stupide, me demandant encore pourquoi j’ai pas attendu qu’il se tire.
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Marcus Cormoran


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MessageSujet: Re: Une étape à Figeac   Une étape à Figeac Icon_minitimeDim 14 Jan - 19:25

Le fait que mon cul congèle sur ce banc et que mes doigts engourdis naviguent laborieusement sur le pavé tactile est totalement secondaire. Je crois être absorbé par ce que je fais tandis que je rêvasse à ma journée et me repasse les moments forts que me rappellent certaines photos. Peu importe le nombre de gens qui circulent sur cette place, je ne remarque rien des mouvements ou du bruit qui m'environnent, depuis plus d'une demi-heure d'après mon estime personnelle. Quelqu'un aurait pu s'asseoir à côté de moi, je ne suis pas sur que je l'aurai senti. Je sors gentiment de cet état distant, me resituant dans l'espace, visualisant le chemin ;

Je veux tirer encore une fois sur mon pétard mais je me rends compte qu'il est éteint. C'est la fin. Je me rends compte aussi que j'ai froid, et qu'il fait bien plus sombre. Lorsque je lance un regard autour de moi, il me faut un temps dérangeant pour faire la mise au point et je distingue enfin quelques silhouettes. Pas grand monde. Je me frictionne vaguement, plus pour me donner de l'énergie et je commence à plier mes affaires dans mon sac. Ca serait bien de faire une course pour ramener quelque chose de consommable à mon hôte. Je pars, me dirigeant vers là où il semble y avoir le plus d'animation. Je suis à fond dans cette idée et je commence à tracer, et en même temps j'entends une petite voix interpeler vivement quelqu'un ; Monsieur ; je ne me sens pas tellement concerné mais je me retourne par instinct pour regarder, et avec étonnement je vois une petite fille qui court vers moi. Je jette brièvement un oeil derrière, mais c'est bien à moi qu'elle montre quelque chose sous le banc ; mon porte-cartes.

- Oh, je lui dis, oui on dirait bien.
Je lui souris en même temps que je reviens sur mes pas. Puis je me baisse, je me contorsionne, pour récupérer mon bien sous le banc. C'est un porte-carte en cuir qu'une amie m'a fabriqué. Il est à peine plus gros qu'un seule carte, lorsqu'il est replié, et le cuir brun s'est éclairci à la pliure et au bord des coutures, patiné par le frottement. Je l'ouvre machinalement ; il contient plusieurs rangées de cartes d'abonnement ou de fidélité.

- Ca m'aurait bien embêté de l'avoir perdu ! Il y a toute ma vie là dedans mais il a surtout une valeur sentimentale ...
Je la regarde mieux en lui parlant, je regarde ses yeux, derrière ses petites lunettes. C'est bizarre de parler aux enfants parfois.
Je le remets dans la poche de mon jean,
d'où il n'était jamais tombé auparavant.

- Tu es drôlement observatrice de l'avoir remarqué. Comment tu t'appelles ?

Je me dis que c'est un peu bizarre, quand même. Je réalise qu'en général les petits enfants, ne sont pas censés se balader seuls dehors quand il fait presque nuit, et j'ai une petite pique d'inquiétude.

- Tu vas où comme ça ?
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Tizzie Lagorce


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MessageSujet: Re: Une étape à Figeac   Une étape à Figeac Icon_minitimeLun 15 Jan - 21:02

Je reste à distance de l’homme à l’ordinateur. C’est pas parce que je l’ai prévenu de ce qu’il a perdu que je vais lui faire confiance à priori. Je sais trop bien que les adultes, question confiance c’est pas ça qui est ça. Il faut vraiment apprendre à les connaitre. Ils disent un truc et puis ils tiennent pas leur promesses ou alors ils vous trahissent. Des fois, même, ils comprennent rien à rien. Il me fait une drôle d’impression. Il a un appareil photo et un ordi et en même temps, il ne semble pas rouler sur l’or. Mon frère il dit que c’est les geeks qui sont comme ça. Genre ils mettent tous leurs sous dans leur matos et il se foutent de leurs fringues et même de leur bouffe.

Après l’avoir observé un bon moment je crois que je commence à comprendre le principe. Parce que plus concentré que ça sur son écran, tu meurs. Et puis, sa drôle de cigarette lui donne un air de poète inspiré ou de je sais pas trop de quelqu’un qui est sur le point de créer un truc dément ; enfin, c’est comme ça que je m’imagine les gens qui vont inventer le truc qui va tout révolutionner. Révolutionner, c’est un mot que j’aime bien. Il sonne bien dans la bouche et en plus si j’ai bien compris ça veut dire que tout va changer et des choses à changer, y en a pas mal, les papas qui vont en prisons, les amies qui se font tuer pour vous. Je sais bien qu’elle est pas morte pour de vrai, mais j’arrive pas à me dire que si ça avait été le cas ça aurait été pareil, elle l’aurait fait quand même et ça, ça devrait pas devoir se produire.

Puis, ça m’a fait presque rire de le voir plisser son nez pour revenir parmi les vivants. C’est p’têt pour ça que j’ai pas voulu lui faire la crasse de le laisser partir sans ce qu’il avait perdu. En fait je crois que j’aurais pu aller lui tchourav son truc sous son banc sans qu’il me voie, mais bon maintenant c’est trop tard et j’ai pas trop compris pourquoi je l’ai pas fait. En fait il a un air cool du mec un peu perdu dans son trip, mais pas ronchon, genre vous me faites chier si vous me dérangez. Bref il a l’air sympa.

Je le rejoins alors qu’il met la main sur son porte cartes. Ah ! Oui c’est bien ça ! Barf ! Du coup, moins de regrets de le lui avoir laissé. Je sais pas trop ce que j’aurais pu en faire à part peut-être… Mais j’ai pas d’ordi pour faire des achats sur le net et puis, j’avoue que j’aurais eu une vache de mauvaise conscience et sans doute plein d’ennuis. Et puis il a un bon sourire. J’ai de moins en moins de regrets du coup. Je lui rends son sourire. Je suis contente au bout du compte de lui avoir rendu ce service. En tout cas, il n’a pas l’air bien souple pour passer sous le banc.

Observatrice c’est clair ! Les maîtresses le disent. C’est fou, les grands des fois ils parlent de nous devant nous en pensant qu’on n’entend pas ce qu’ils racontent. Après j’ai pas à me plaindre. Maîtresse et Maîtresse Véronique elles disent pas de vacherie sur moi. Des fois pas des trucs très valorisants, mais bon quand je fais des conneries je le mérite bien…

Je le regarde droit dans les yeux, les bras croisés dans le dos, avant de répondre

« Tizzie. Et toi ? »

Certains le prenait ce retour de question pour de l’insolence de demander son nom à un adulte lorsqu’on est une petite comme moi mais après tout, pourquoi serait-on obligé de répondre à la question quand on est un gosse et pas quand on est un adulte ? Dans ce cas j’avais droit à un « Tizzie ! » réprobateur et un regard furibond de la personne à qui je m’adressais. Parfois par contre, cela faisait rire. Je n’ai jamais bien su si c’était parce que ça ne se fait pas d’ordinaire et que le grand avait décidé d’être bon prince avec moi ou que c’était par simple étonnement et bienveillance. Je préférais toujours qu’il réponde simplement comme moi. Est-ce que j’explosais de rire au visage des adultes pour me présenter ?

Sa deuxième question par contre ma parut bizarre. Pourquoi s’intéressait-il à ma destination ? De toute façon, je ne le savais pas trop moi-même. C’est vrai qu’il commence à faire nuit mais c’est normal en cette saison. Elle tombe vite mais on n’est pas obligé de rentrer dés qu’il commence à faire noir. De toute façon, personne ne s’inquiète de là où je suis, c’est encore trop tôt. Papi et mamie doivent commencer à dormir devant le télé et maman en profite pour penser au bain de Timéo. Kevin doit être le seul à regarder pour de vrai la télé. Stade 2 sûrement. Y a rien de plus chiant qu’une émission de sport !
Je hausse les épaules en guise de réponse.

« J’me promène… »

J’aurais pu demander le pourquoi, de sa curiosité mais bon… Je regarde dans la direction vers laquelle il se dirigeait en me penchant sur le côté pour esquiver sa silhouette.

« Tu vas aux halles ? »
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Marcus Cormoran


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MessageSujet: Re: Une étape à Figeac   Une étape à Figeac Icon_minitimeMar 16 Jan - 23:52

Tizzie. Elle me retourne la question, je ne me fais pas la réflexion que rien au monde ne me parait plus naturel.
- Marcus

J'aime bien, quelque soit l'âge ou l'expérience qu'on a, ce moment où on en revient aux balbutiements de la vie sociale ; comment tu t'appelles. Echanger deux prénoms, j'ai l'impression de vivre chaque fois quelques secondes solennelles et ce moment ne se reproduira jamais avec cette même personne. Et c'est là que j'ai réalisé que Tizzie (quel joli petit nom) était une toute jeune fillette, et que je me suis inquiété qu'il puisse lui arriver quelque chose. Je lui ai demandé où tu vas comme ça, mais en fait elle se promenait c'est tout. Je continue de trouver ça fou, mais je me dis aussi pourquoi pas ; et puis ça ne sert à rien de vouloir interférer avec la vie des gens. Ce qui doit arriver arrive.

- ...tu vas aux Halles ?
J'ai posé un regard devant moi dans la direction que je voulais prendre tout à l'heure quand j'étais sur le point de partir. L'espace d'une seconde j'y suis projeté intensément, au bout de la rue, j'en perçois plus nettement le bruit et les odeurs ; la fraicheur qui est tombée sur la place s'insinue  à travers mes vêtements. J'ai envie d'y aller.

- oui !
je ne sais pas.  
- enfin non. j'en sais rien en fait ... ça me semblait animé par là, et je voudrais acheter quelque chose à manger.

Ajustant les sangles de mon sac et fermant mon blouson, j'ai commencé à faire quelques pas sans perdre Tizzie des yeux et et sans quitter le champs de son attention. Au fond je ne peux pas m'empêcher de penser que si jamais le moindre truc arrive à cette gamine ce soir, je serai peut être la dernière personne auprès de qui on l'aura vue. Mais bon je continue d'y aller, et puis je lui demande

- Je vais trouver ça, par ici, tu connais bien ?
Evidemment si elle est du coin, et on dirait clairement que c'est le cas. J'entends de plus en plus le brouhaha de la rue adjacente, tandis que je m'en rapproche poussé au dos par un vent froid.


Dernière édition par Marcus Cormoran le Jeu 18 Jan - 2:11, édité 1 fois (Raison : petite modif)
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Tizzie Lagorce


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MessageSujet: Re: Une étape à Figeac   Une étape à Figeac Icon_minitimeSam 20 Jan - 8:18

Marcus ? C’est drôle, on dirait un prénom romain comme dans Astérix. J’ai l’impression que les Marcus doivent être des centurions gras du bide ou alors malabars musclés. Lui est pas vraiment dans ce style. Du coup je sais pas trop quoi répondre à ça. Ca aurait l’air sûrement pas très poli de lui répondre un « Salut Marcus ! Marcus Junius Brutus Comme dans Astérix ? » Je garde les mains dans le dos et je me demande bien comment il va réagir à ma présence. Si je m’éternise, il va sûrement me demander si je ne devrais pas rentrer. En tout cas, c’est sûr, si la directrice elle m’avait vue tout à l’heure c’est ce qu’elle m’aurait dit. Elle croivent toutes qu’elles savent ce qui est bien pour moi. Rentrer de bonne heure, me coucher tôt, faire les devoirs avec un adulte… Elles pensent que c’est comme chez elles à la maison. Je voudrais bien que ce soit aussi facile, mais mon père il est au schtar, ma mère bosse comme elle peut et mes grands parents ben ils ont autre chose à faire. Alors je rentre quand je pense que c’est l’heure du repas et que ça va être ma fête si je me dépêche pas. Mes devoirs, je les fais seule, et je me couche pas tellement tard, mais quand Bilel il joue sur sa Play jusque je sais pas quelle heure, dés fois c’est pas facile à m’endormir.

En tout cas Lui, il fait rien comme les adultes un peu « responsables » et gateau sous la cerise, il a pas l’air de trop savoir ce qu’il veut. Il répond un truc puis son contraire. Il sait pas trop où aller et d’ailleurs maintenant que j’y pense il ne parle pas comme les gens d’ici. Il paraît qu’on a un accent, mais je trouve que c’est plutôt lui en a un. Du coup je fais ma curieuse.

« T’es pas d’ici toi. »

Je marque une pose en regardant en direction des halles. Animé ? Oui sans doute d’habitude, mais là un dimanche… C’est bien parce qu’on est juste après le fêtes mais animé… Bof.

« Par rapport à ici c’est sûr, mais bon, on est dimanche alors y a quasi rien d’ouvert. Y a un petit magasin de fruits et légumes et dés fois le p’tit Casino. Je sais pas trop comment ils décident d’ouvrir ou pas les dimanches. Sinon ben y a des jeunes qui trainent un peu avec leurs scoot’, mais bon on peut pas trop leur adresser la parole… »

Ouais ils se la pètent grave. C’est genre retourne dans ton bac à sable minus. Pourtant Bilel il en connait, enfin, il en connaissait parce qu’une fois que fais partie de ceux qu’on un soot, ben tu connais plus les autres. Ils sont pas méchants, ils sont juste cons. Ils font un tour ou deux des halles jusqu’à ce que la police municipale leur demande d’arrêter alors ils se garent et ils discutent à moitié assis sur leur bécane. Y en a qu’enlèvent même pas leur casque. Je me demande toujours pourquoi parce qu’en hiver ça va, mais en été, doivent crever de chaud là-dessous.

« On peut aller voir le Casino et le fruit-légumes si tu veux… »

J’ai dit on machinalement genre la file qui s’impose dans votre promenade, mais bon j’suis pourtant pas ce genre. Quoique, maman elle dit que je suivrais n’importe qui. Bah non. Pas n’importe qui ! Que des gens qui semblent sympas, genre plus disponible qu’elle par exemple. Et puis ce serait pas pour toujours, juste pour… ‘Fin bref, elle se fait tout le temps des films sur moi. Je sais mêmes pas dés fois si elle me connaît et si je suis vraiment sa fille. Faut pas vous faire des idées, je l’aime mam mère mais je sais pas si c’est réciproque. Dés fois je me demande si j’ai pas été adoptée. En plus on n’a pas de photo de naissance. Nolan il a un album sur l’ordi et dans un vrai avec les photos de sa naissance. Il peut pas se tromper ses parents c’est vraiment les siens sauf s’il a été échangé à la mat’. Bilel il m’a raconté des trucs chelous sur des bébés qu’on échange… Donc oui, je m’incruste un peu dans les pas de Marcus, pas le centurion. En même temps il assez grand pour me dire de dégager si ça le dérange. Comme il ne semble pas changer pour de vrai d’avis, je passe devant en direction de la rue qui descend vers les halles. Là ça descend pour de vrai. Enfin, je veux dire pas super raide, mais pas comme on dit je descends vers le centre-ville et que y a même pas de pente.

Je me retourne pour voir s’il suit et je me demande tout à coup où il est arrêté, il a pas le look d’un touriste et puis c’est pas trop la saison. Ici c’est plutôt l’été et s’il est pas du coin…

Il a peut-être des amis à Figeac. Ouais c’est plausible, mais je peux pas m’empêcher de demander confirmation.

« T’as des amis à Figeac ? T’es venu pour les fêtes ? »

Du coup je me demande moi aussi si j’ai des amis et bah, pour de vrai, je sais pas. Je pense à Nolan et j’aimerais bien qu’il soit toujours mon ami mais comme je suis invivable je sais bien. Ben il doit m’avoir… Bref un coup de blues me saisit alors je me retourne en direction des halles et baisse la tête pour regarder où je mets les pieds, mais pas que. Il y a plein de gens sympas avec moi mais c’est forcément pas des amis. Je me demande si les adultes peuvent être amis avec une fille de neuf ans. Je pense alors au gens du train. Je sais pas ce que je dois penser d’eux et ce qu’ils pensent de moi. Mais pour de vrai, je sais que ben, ils sont trop loin pour que je pense qu’ils sont des amis. Reste maîtresse Véronique mais c’est une maîtresse. Est-ce qu’elle pense à moi lorsqu’elle rentre chez elle ? Et puis Laurence. Laurence, c’est spécial aussi. Bref je préfèrerais avoir des amis comme n’importe quel enfant, mais je sais pas depuis le train si je suis come n’importe quel enfant. Je refourre mes mains au fond des poches de mon manteau et rentre la tête dans mes épaules. Je donne un coup de pied dans une capsule de bière à moitié écrasée qui va rouler et taper contre la vitrine de la boutique de téléphonie dans un tintement métallique. Machinalement je regarde autour s’il y a pas quelqu’un qui va pas me faire une remarque pour ça et fait une grimace gênée à Marcus. Du coup ça me sort de mes pensées un peu noires.
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Marcus Cormoran


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MessageSujet: Re: Une étape à Figeac   Une étape à Figeac Icon_minitimeMer 24 Jan - 14:59

- T’es pas d’ici toi.

J'adopte son rythme en l'observant, curieux.

- Par rapport à ici c’est sûr, mais bon, on est dimanche alors y a quasi rien d’ouvert.
- Ah oui. J'avais oublié qu'on est dimanche ...


Je travaille pendant les vacances des autres, et le reste du temps je mets rarement les pieds dans un magasin ; j'ai tendance à perdre le fil des jours et sa relation avec les horaires d'ouverture. Je balaie du regard cette rue où nous débouchons. Effectivement j'ai un peu surestimé les choses ; il y a quelques personnes mais qui n'ont pas l'air de s'attarder.

- Y a un petit magasin de fruits et légumes et dés fois le p’tit Casino. Je sais pas trop comment ils décident d’ouvrir ou pas les dimanches. Sinon ben y a des jeunes qui trainent un peu avec leurs scoot’, mais bon on peut pas trop leur adresser la parole…

- Ah bon.

Ce soir il n'y a personne pour faire tourner son moteur au coin de la rue, et tout à l'air normal. Je regarde dans différentes directions les possibilités qui s'offrent à nous, ma perception de cette ville s'agrandit.

- On peut aller voir le Casino et le fruit-légumes si tu veux …
- Ca me va, essayons les deux.


Ainsi Tizzie et moi marchons tranquillement jusqu'au Casino. Nous passons un moment par des halles ouvertes et l'écho de notre conversation et de nos pas résonne dans le calme environnant.

- T’as des amis à Figeac ? T’es venu pour les fêtes ?
- Pas vraiment. En fait je vais en Espagne, à la frontière, voir un copain. Et ce matin j'étais dans le Jura, je bosse dans une petite station pour l'hiver. Du coup je suis venu en stop jusqu'ici, avec un vieux bonhomme qui m'a proposé de faire étape chez lui, avant de repartir demain matin.


Je distingue son enseigne rapidement sur un batiment, mais aucune lumière. C'est simple, tout est fermé y compris Casino.

- C'est pour ça, je voulais lui ramener quelque chose à manger. Tandis que nous approchons, je lis les horaires sur la porte. Je jette un oeil aux alentours, machinalement mon attention se porte sur des poubelles, bien remplies pour le ramassage ; surement demain matin. J'ouvre la première que je rencontre sur ma route, et tâte le premier gros sac. Je le sors carrément et le pose par terre à côté de moi. Je trouve déjà deux pommes, état moyen, et les glisse dans la poche ventrale de mon blouson.

- Je regarde un coup la dedans, j'en ai pour une minute ... En fait j'ai déjà crevé un deuxième sac dans lequel je ne trouve que des emballages mais plus loin ma main attrape une petite grappe de bananes un peu noires et un citron qui a une tache.  Je m'empare de mon butin et remets gentiment les sacs en place, je ferme la poubelle, un peu allégée par mes soins. L'opération était plutôt rapide. Je jette un oeil à ma compagne de galère en lui souriant, espérant que tout va bien ; et je reprends tranquillement la marche et me cassant une banane, glissant le reste dans l'ouverture de mon sac à dos.

Tandis que je l'épluche avec convoitise, je dis :
- Ils ont du jeter ça ce matin si c'était ouvert jusqu'à midi.
Je croque ma banane avec appêtit, jetant la peau dans la poubelle suivante. Elle n'est même pas si mure que ça. Mon estomac endormi s'éveille après une deuxième bouchée.

- Tu as envie de partager avec moi ?

Je sais que ça peut paraître un peu bizarre, pour les gens ... Et quand on fait ça on dirait que ça craint grave, les gens s'inquiètent, ça leur fait peur. Je comprends ça. Bien sur en premier lieu, je fais les poubelles parce que je suis très pauvre la moitié de l'année, mais je le fais surtout parce qu'il y a de la nourriture consommable dans les poubelles. Bien des gens auraient acheté moitié prix cette nouriture s'ils avaient pu, ou ils l'auraient mangée volontiers si on leur avait juste donné. Mais les beaux fruits et les beaux légumes se vendent mieux. Et l'achat de masse par les grosses enseignes, et le marketing du produit standardisé, engendrent une perte extrêmement importante, chaque semaine en France, de nourriture qui peut être récupérée.

- Tu veux aller jusqu'à l'autre magasin ?
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Tizzie Lagorce


Tizzie Lagorce

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MessageSujet: Re: Une étape à Figeac   Une étape à Figeac Icon_minitimeSam 27 Jan - 9:15

Depuis qu’on a commencé à marcher, il a encore plus l’air d’être complètement paumé, comme s’il débarquait d’une autre planète. Débarquer d’une autre planète. Je me raidis un peu parce que ça me fait penser aux extra-terrestres à Yoko et à Yoko aussi. Du coup j’ai un peu l’impression d’être seule une nouvelle fois même si je suis accompagnée par Marcus. Je les chasse de mon esprit tant bien que mal. Marcus donc débarque d’on ne sait où et commence à regarder autour de lui comme s’il avait changé ses yeux. Encore une fois je pense aux corps bizarres dans les trains. Est-ce qu’ils servaient à changer des morceaux à des gens ou est-ce qu’on pouvait leur changer des pièces ? J’ai du mal à être vraiment disponible pour mon occupation de guide. D’ailleurs j’ai du mal à être disponible pour quoi que ce soit en ce moment à part pour le cabinet. Yoko m’a sauvé la vie deux fois. Une fois dans le train et une fois dans les buissons, mais je sens qu’il me reste des blessures qui ne sont pas encore guéries.

Du coup notre marche est un peu silencieuse chacun perdu dans ses pensées. Enfin, lui je sais pas mais moi c’est sûr. Je reste pourtant attentive à ses remarques. Le sens que trouver de quoi manger devient une préoccupation mais qu’il a l’habitude de cet exercice et met toutes les chances de son côté.

Et puis les images de voyage de Marcus me ramènent pour de vrai à ses côtés. L’Espagne c’est pas bien loin d’ici, mais j’y suis jamais allée. Pourtant dans la classe y en a plein qui y vont en vacances. Les vacances ben c’est souvent chez nous ici, à Figeac. Les années fastes je peux aller au centre aéré mais ça c’est quand tout va bien. En général c’est Bilel qui y va. Peut être parce qu’il est un peu pénible à la maison pendant deux mois. Moi je chine avec Papi et surtout je traîne avec Nolan quand il est là et surtout toute seule. La piscine, faut être accompagnée à mon âge alors c’est pas souvent. Le Jura je sais où il est mais je connais pas plus que l’Espagne. Le suis allée dans les Alpes y  a pas longtemps mais je ne m’explique pas très bien comment. Heureusement je suis tombée sur Nathan… Et même que j’ai appris que Yoko était vivante et qu’elle allait bien. Ce fut une de mes plus grandes joies de ma vie. Ce que je reteins c’est que Marcus a une chance folle de voyager.

« En Espagne ? Trop de la chance ! Tu voyages beaucoup ? Moi j’aimerais bien mais je reste tout le temps à Figeac… »

Je m’arrête là. Je vais pas non plus lui raconter ma vie comme ça. Il n’en a sûrement rien à faire, et puis on se connait à peine. Je me demande encore comment ça se fait que je traîne avec lui. Je hause les épaules sans faire attention à ce que mes pensées se voient ou non. En fait c’est certainement parce que je n’ai pas trop d’autres personnes avec qui traîner. J’ai l’impressio qu’en moi il y a un mélange de je m’en moque et en même temps de solitude pesante. J’ai pourtant pas l’impression d’avoir changé mais je me sens complètement étrangère à ma vie. Peut être un peu comme Marcus, tiens.

Je fais la moue en apercevant le rideau de fer du Casino.

« Pas de chance. Fermé. »

Ca aurait été trop beau pour Marcus. Il va devoir se contenter de rentrer les mains vides. J’espère pour lui que le vieux bonhomme aura de quoi le nourrir. C’est pas trop la peine d’aller plus loin, ça se voit qu’il est fermé, mais le type ne semble pas vouloir se résigner. Incrédule, je le regarde ouvrir les poubelles et en sortir le premier sac. Moi, on m’a appris que c’était les SDF qui fouillaient dans les poubelles mais lui, il a pas l’air d’être dans la dèche à ce point. Je regarde les pommes disparaître dans ses poches. Je me demande s’il est sérieux et puis je me dis que ces pommes elles ont pas l’air d’être si mauvaise après tout. Je suis pas habituée à ce spectacle et je ne sais pas trop comment me comporter. Je me balance un peu d’un pied sur l’autre en regardant autour de nous, me demandant ce que pensent les gens qui passent. En fait il y a peu de monde et puis personne ne regarde personne alors bon. Il en faut généralement plus pour me rabattre le caquet mais j’avoue que là je suis un peu bluffée par le comportement de Marcus semble faire ça comme si c’était tout naturel et c’est sûr c’est une habitude pour lui. Je mets les mains dans les poches pendant qu’il attaque le sac suivant sans répondre. De toute façon je ne suis pas pressée et je commence à trouver son manège rigolo. Et ses explications ont l’air plausible. Je lui rend son sourire un peu malgré moi et le regarde mordre dans sa banane

« T’as pas peur d’être malade ? »

Question idiote. Si c’était le cas, il le ferait pas. C’est surtout moi qui aurait peur d’être malade. A le regarder faire il n’y a aucun risque aussi lorsqu’il me propose de partager, je ne dis pas non.

« Si tu veux. »

Je tends ma petite main en ajoutant puisqu’il me laisse une ouverture.

« Tu fais ça souvent ? »

Je goûte d’abord prudemment la part qu’il me donne, et puis je me rends compte que c’est aussi bon que quand ça sort des saces de commission de maman. Il me reste bien un petit morceau qui a pas l’air en trop bon état, mais ça arrive aussi à la maison. Du coup à la proposition d’aller faire une razzia dans les poubelles de l’autre magasin, je ne peux vraiment pas dire non et presse même le pas pour arriver plus vite.

« Qu’est-ce que tu crois qu’on va trouver ? »

C’est un peu comme une chasse au trésor et je sens déjà monter une impatience en moi.
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