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 Neige, aiguilles et belles quenottes ! [Nathan]

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Luc De Vernet


Luc De Vernet

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MessageSujet: Neige, aiguilles et belles quenottes ! [Nathan]   Neige, aiguilles et belles quenottes ! [Nathan] Icon_minitimeSam 18 Mar - 8:25

C’étais une journée comme les autre sur les aiguilles rouges, vous connaissez peut être Emosson, un des plus hauts barrages d’Europe, enfin la vue sur le mont blanc le matin. C’est par là que je me trouve l’hiver, l’été je remonte vers le mont blanc et les massifs plus en altitudes en même temps que les gens arrivent vers les massifs plus bas. M’enfin qu’importe on était en fin d’hivers, la neige était encore là, plus instable que jamais, et ça faisait trois jours que j’attendais l’avalanche qui commençait à s’annoncer sur les flancs du cheval blanc, une belle avalanche, le vent du sud remontant de d’argentière ce matin racontait l’arrivé du printemps et les saisons du grand n’importe quoi.

Je déteste cette saison, pour une raison absurde il y a plein de gens qui considère à la fois que l’hiver est finit avec tout ses risques, et que la chaleur et le printemps fait que c’est le meilleur moment pour aller en montagne. Il y encore le charme de la neige et le froid est moins mordant. Chaque année il y a des morts, et durant la saison du grand n’importe quoi mes chiens et moi on est en première ligne quand un imbécile à décidé qu’en fait sa vie ne valait pas grand-chose. J’attendais donc l’avalanche et si personne n’était coincer dessous j’y avais laissé vers les cinq heures du matin, à la frontale, des habits qui sentent un peu pour entrainé les chiens.

Quitte à me faire une avalanche autant que ça soit intéressant. Assis à ma fenêtre le “Nature Neuroscience” du mois sur les genoux dans l’espoir de trouver quelque chose qui expliquerais que mon cerveau est capable de discuter avec un ordinateur … Je regardais de temps en temps à la longue vue le Cheval magnifique ce matin, blanc à en faire crever d’envie une marié, reflétant le soleil sur la neige qui s’humidifie avant qu’il ne s’ébroue.

Et puis ce fut le grand craque, je ne sais pas si vous avez déjà entendu une avalanche, ça à un coté aussi magique que regarder le feu qui hurle tranquillement sans vous dire qu’en faite il pourrait aussi massacrer votre baraque. C’est un espèce de roulement qui rappelle les meilleurs débuts de chanson de métal, un hurlement qui fait écho aux grands vents, et une force qui se lève et s’élève comme si le monde n’avais plus d’importance. C’est magnifique à regarder mais j’avais autre chose à faire, une grosse paire de chaussures, le manteau et le sac avalanche qui est toujours sur sa patère en cette saison, pas vraiment de temps à perdre, elle s’est déclencher là où je l’avais prévu mais ça fait quand même une trotte.

Les chiens sont fou, ils adorent ça les avalanches, je leur ai apprit que c’est un jeu, si vous voulez que vos gamins fasse quelque chose faites en un jeu, c’est la même chose avec les chiens, et avec les autres humains aussi mais c’est une autre histoire. Tyr, Sol et Dag’, c’est le nom des chiens loups, ouaip ils ne sont pas à la lettre, en vrai ils s’appellent I-Tyr, I-Sol, J-Dagda, les trois donc tournaient comme des gamins, faisait les chats ou hurlait en prévision de ce qui ressemblait en fait à une chasse. Ils ne savaient pas plus que moi si il y aurait des crétins sous la neige, mais au contraire de moi eux étaient plein d’espoir, un crétin retrouvé c’est double ration, et plutôt à base peau de saumon ou de pates d’oiseau, un pure plaisir pour les loups qui ressemble toujours plus à cette instant à une bande de gamin à qui ont aurait dit qu’on va à Disneyland.

Il me faut bien trente minutes de marche au petit trop pour aller sur les flancs du cheval blanc depuis là où je suis, heureusement l’avalanche était aller mourir dans le cirque et n’avais pas continuer à dévaler. J’avais pris le temps de passé assez près de la crète pour voir l’état de la neige dans le but qu’une autre ne se déclenche pas pendant que je cherchais, un coup à perdre un chien dans l’histoire.

Le temps, je ne sais pas pourquoi mais toujours dans ces moments là le temps ralenti, en fait je sais pourquoi, mais c’est chiant, une histoire cocktail hormonal explosif qui booste votre cerveau et si vous êtes un tant soit peu entrainer votre cœur prend pas trop. Vous avez donc l’impression que le temps ralenti car votre cerveau réfléchit plus vite et vos geste eux reste à une vitesse normal … Y’a toujours un stresse quand on est sur une avalanche, même si on considère que si il y a quelqu’un dessous c’est forcement un imbécile. Je lance mon ARVA sait-on jamais, de temps en temps les imbéciles sont équipé, et puis de toute façon il est important d’avoir le bruit du bip pour habituer les chiens. Dommage que les Smartphone ne soit pas assez puissant pour faire ARVA, ça simplifierais les choses, mais bon, c’est le moment de la courses. Habituer les chiens se déploient, Dagda à encore un peu de mal à travailler avec les autres, il préfère l’idée de trouvé lui, mais bon c’est un vrai avalanche j’ai pas le temps de le remettre bien dans le rang.

Et puis la pulsassions reviens, c’est le moment, Tyr à trouver quelque chose, si c’est les vêtements que j’ai laissé ils ont été bien entrainé vers le bas … Plutôt comme un humain, hors je n’ai pas laissé un mannequin ou un épouvantais, juste des vêtements fourré de bâtons …
Battement, Dagda le rejoint tout contant, plus de doute, c’est bien un humain.
Pulsation, Ils commencent à creuser, je dégage Dagda du centre et sort la sonde.
Aspiration, La sonde à bien toucher quelque chose de mou, les chiens sont comme des fous, Sol lui continu à chercher d’autres corps avec plus d’ardeur encore.
Choc, mon cœur bat encore, je déteste ces instants de suspense avec la sonde qu’on enfonce, je l’ai balancé un peu plus bas, j’ai donné le premier coup de pèle…

La suite s’emmêle, ce n’est pas le premier gas que je sors, on est bien coordonné avec les chiens mais c’est toujours aussi flippant, toujours aussi exubérant, on ne sort pas un gas, un sort un tas de neige froid, dedans y’a un truc vivant. Coup de bol lui l’est et il respire, je déteste faire les premiers secours je pète toujours des cotes, un ami pompier sauveteur m’a dit que lui aussi mais sincèrement c’est dure, ces craquement là ça reste sous les doigts.

Je respire, puis c’est lorsque que je lui pose ma cape sur les épaules que je me rend compte du souci, le gamin est en chaussure de ville et en pantalon de boulot, ce n’est pas un vacancier, ni un montagnard, c’est une aberration …

Une aberration.

Je … Sol hurle et commence à creuser, je lui balance ma gourde de poire et y retourne en choppant la sonde au passage, il ne mourra pas, il est conscient, mais je n’ai pas le temps.

Il me faut encore cinq minutes pour dégager les vêtements, et trente de plus pour finir la zone de fouille pour enfin me rapprocher de la chose grelottante … Et je l’espère pas trop cuite, c’est moi qui fait la poire, et elle es forte, mais y’a du sucre dedans, je prend des poire de glace, alors on sent pas trop les cinquante …


“What the fuck are you doing here guy …”

Je ne sais pas trop pourquoi c’est l’anglais qui est sorti en premier, probablement l’habitude, la plus part des touristes le parte, et puis c’est des mots que tout le monde connais … Internet quand tu nous tiens. En attendant j’harnache les chiens j’ai pas amener le traineau mais il peut marché et j’ai une paire de raquette de plus que je lui fous aux pieds en essayant de comprendre ce qu’il dit. Vue sa forme physique, même attacher aux chiens ils vont avoir le temps de me raconter sa vie avant qu’on arrive au refuge … Je prends l’autre solution en tâtant ses jambes. Je récupère mes raquettes et avec les bouts de bois de fait une attache sur ma cape et le couche dessus, puis je m’attache avec les chiens, il aura qu’a rester coucher sur la cape en me racontant sa vie.
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Nathan Weathers


Nathan Weathers

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MessageSujet: Re: Neige, aiguilles et belles quenottes ! [Nathan]   Neige, aiguilles et belles quenottes ! [Nathan] Icon_minitimeLun 27 Mar - 18:03

Nathan n'a jamais rien compris au base-ball. Sûrement parce qu'il passe invariablement tous les matchs auxquels il assiste les yeux rivés sur son téléphone. Il est tout à fait étranger à l'enthousiasme électrique qui soulève les gradins et il ne connaît de toute manière aucun des joueurs à casquette qui piétinent en ce moment le gazon et le sable du Yankee Stadium de New York. Il avait bien sûr battu quelques balles avec son frère dans le jardin de la maison familiale, quand ils étaient plus jeunes, ceci dit ça n'avait jamais fait germé chez lui le moindre atome crochu pour les manifestations sportives.
Pourtant, il s'était donné bien du mal pour obtenir ces billets à l'ouverture de la saison 2017. Mais en réalité, ce n'était pour rien d'autre que pour permettre à Mr. Wayne Walton de venir encourager les Sox face aux Yankees aux frais du cabinet. Et tout pompeux, agité, bondissant et écarlate que soit Mr. Wayne Walton, Nathan ne pouvait en ce moment pas vivre sans lui. Mr. Wayne Walton est un rupin, un vrai, un ancien joueur de hockey dont le talent moyen lui avait inspiré un changement de cap drastique vers l'entrepreneuriat. Il était devenu propriétaire d'équipes – il gagnait donc beaucoup, beaucoup d'argent.

C'était toujours quelque chose qu'il taisait quand ça arrivait et qu'il cachait derrière ses tenues impeccables et un beau sourire, mais en ce moment, Nathan était à sec. Et le cabinet aussi derrière lui, nécessairement.
En fait, ça se présentait déjà beaucoup mieux qu'un mois plus tôt, où un de ses associés avait menacé de quitter le navire s'il ne lui expliquait pas pourquoi il s'était évanoui trois jours dans la nature en lui laissant sur les bras un dossier à conclure sans la moitié des informations requises. Au bout de trois nuits blanches, Nathan avait résolu le problème et rattrapé son collègue dans son grand saut. C'était une belle performance et beaucoup de travail avait permis de redresser la tendance, cependant il fallait quand même renflouer les caisses et donc bichonner les gros clients, même si cela occasionnait un conflit entre son emploi du temps et son portefeuille.

Une quinzaine de mails attendent une réponse urgente, bien au chaud dans sa poche. Et au même moment, il doit se faire violence pour continuer d'écouter poliment le speech emmerdant de son client, entre deux acclamations brutales (mais providentielles) qui le soulèvent de son siège pour encourager les Sox. Aussitôt, Nathan en profite pour pianoter sur son téléphone ; il donne des instructions aux stagiaires, lance un rappel à la greffière, fait défiler des dizaines de pièces jointes qu'il promet de lire dans le train et confirme qu'il passera au parloir vendredi pour faire le point avec Janae qui avait défoncé le lavabo de sa cellule « en faisant de l'exercice ».

Et puis c'est reparti pour un tour. Wayne Walton, à bout de souffle, s'écroule sur son siège, Nathan range furtivement son portable. C'est incroyable comme il est compliqué de divorcer quand on a trois résidences secondaires, une propriété sur Palm Island, un yacht et une collection de Cadillac. La plupart des gens se disputent moins âprement la garde de leurs enfants.
Il avait encore le souvenir maussade de ce jeudi dernier où il avait passé trois heures à réécouter pour la quatrième fois les Waltons revenir sur leurs décisions, et à sécher les larmes de Madame qui s'affligeait de ce que Monsieur lui disputait maintenant la villa à Miami où elle donnait ses garden parties. Mais ils lui payaient ses honoraires. Ils lui payaient de très bons honoraires, à vrai dire, et les pourcentages de dommages et intérêts qu'il percevait chaque fois que le couple décidait de se fâcher contre la terre entière gonflaient agréablement le capital du cabinet. Maintenant que Madame et Monsieur divorçaient, il fallait réussir le coup de force de garder leur deux clientèles – alors quand il donnait raison à Madame, il invitait Monsieur au stade.
C'était la seule façon de continuer à financer ses affaires en pro bono et ses allers retours entre Philadelphie et Boston pour sauver la mise à Janae. En somme, quand on voulait donner aux pauvres, la meilleure solution était toujours de prendre aux riches – et si Nathan s'amusait de s'improviser en Robin des Bois, il s'efforçait de reconcevoir la façon de leur faire les poches.

Et c'est un homerun des Sox. Un frappement de batte a résonné, l'écho a rebondi à travers tout le terrain et déchaîne une ovation parmi des vagues de supporters montés sur ressorts.  
Le téléphone de Nathan vibre de nouveau dans la poche de son trench marron cendré et il profite de l'emballement bruyant de son client pour y jeter un coup d’œil. C'est un sms de sa mère, cette fois, et il hésite un moment à le consulter, par politesse pour Wayne Walton – travailler en douce, c'était une chose, se distraire avec des affaires personnelles, c'en était une autre. Mais voilà que le type bondit comme un fauve sur ses pieds, et se jette contre la balustrade pour rugir de victoire au-dessus du stade – oh, Seigneur, cet homme était fatigant.  
Nathan ouvre le sms de Charlotte, tapotant contre la coque de son portable d'un ongle agacé.

C'est un nouvel encouragement à prendre des congés. Décidément, elle ne lui lâchait pas la grappe. Cette fois-ci, elle joue la carte affective :
« On pourrait partir tous ensemble en vacances tous ensemble et rejoindre tes grands-parents en France. » – bien sûr le « tous ensemble » exclut Léo, comme d'habitude, et cela inspire une amertume presque instinctive à Nathan, mais le message continue – « Je me disais qu'il y avait longtemps qu'on n'avait pas été à la neige. » – oui, la dernière fois qu'il était monté sur des skis, ça remontait à des années, hm, au temps où son frère n'était pas encore traité comme une vague connaissance au souvenir embarrassant par ses propres parents, en fait – « Et si nous retournions dans les Alpes ? »
Hmf.

Nathan se laisse tomber contre le dossier de son siège, très dépité. Heureusement, Walton est toujours très concentré sur l'action du match, et lui peut se permettre de dérouler la suite du message, qui consiste en une série de photos d'un gîte que sa mère a d'ors et déjà trouvé sur Internet. Il les parcourt d'un œil morne, en se retenant très fort de lui retourner un sms dégoulinant de fiel. Décidément, elle avait négligé un paramètre dans sa stratégie bien rodée...
Il soupire, très fort.

Son souffle se suspend dans l'air.

Le froid lui brûle la gorge jusqu'aux poumons, tandis qu'il reprend une inspiration affolée en relevant la tête de son écran. Les clameurs du stade se sont évanouies et ce nouveau silence jette une vague de frissons dans le dos, qui hérissent sa peau en coulant jusqu'en bas de son échine. Il se relève de la souche où il s'est soudain trouvé assis.
La blancheur qui l'assaille de tout côté, brutalement, est étouffante. Nathan suffoque. Chaque quinte de toux, chaque souffle qu'il prend dans l'air glacé est aussi pénible que s'il essayait d'avaler une poignée d'aiguilles. Précipitamment, il mène ses mains aux pans de son manteau pour le refermer sur sa veste de costume couleur orange brûlée et sur sa cravate rouge brique. Un pareil habit, c'était très bien pour impressionner les clients mais en pleine montagne, ça perdait à peu près tout intérêt.
Bon dieu, il avait vraiment été transporté dans les Alpes ??

Il fait un tour sur lui-même. Ses jambes sont en coton, ses chaussures s'imbibent aussitôt d'humidité, enfoncées profondément dans une congère. A travers les lambeaux de brouillard qui flottent loin au-dessus de sa tête, il est ébloui par la hauteur menaçante d'un défilé qui stagne à quelque chose comme bien quatre kilomètres tout là-haut. C'était bien quatre-mille mètres d'altitude, le Mont Blanc, pas vrai ?
Les Alpes.
Évidemment, un mois de répit, ça lui avait semblé trop beau !

Une exclamation de rage fait vibrer sa gorge comme un long feulement. Il serre les poings, puis ferme les yeux et respire profondément. Le froid lui mord ses narines irritées, défonce son conduit nasal, lui laboure la gorge et s'enfonce brutalement dans ses poumons. Il tousse à plusieurs reprises en reboutonnant maladroitement son manteau.  
Là-dessus, bien déterminé, sans trop savoir de quoi, il dirige ses pas dans la pente de la montagne et, s'entourant solidement de ses bras, il commence à la descendre d'un pas cahoteux.

La neige crisse sous ses pieds pendant de très longues minutes. Ses sens sont exacerbés. Il ressent chaque craquement jusque dans sa moelle. Il rumine. Toujours la même effervescence de pensées qui bourdonnent intensément entre ses oreilles. Jamais aucune réponse. Il avance, et avance, et avance, dans l'espoir de tomber sur un abri, quelque chose où s'arrêter pour réfléchir à ce qu'il doit faire – appeler Wayne Walton ? S'excuser de s'être évaporé pendant qu'il était occupé à brailler des encouragements à peine un mètre plus loin ? Lui dire quoi, au juste ?

« Ohh ! Pardon, Monsieur Walton, je consultais ma messagerie, ma mère m'a envoyé trois photos d'un chalet en montagne, et POUF ! Les choses de la magie, vous voyez. Sans blague. Mais il n'y a pas un rat, dans le coin, c'est incroyable ! »

Il pile dans la neige, les jambes trempées jusqu'aux os et les chaussures détruites pour toujours. Cela devait faire une demi-heure qu'il cheminait. Le froid devenait insupportable.

« Calme-toi, Nathan... » Ses mains tremblent quand il les porte à sa figure si dure et glacée qu'elle lui semble faite de givre. « On va trouver une solution... Parce qu'il y a une solution, pas vrai... ? »

Il prend une grosse bouffée d'air en levant ses yeux noirs et intelligents vers le ciel. Ce n'est pas forcément facile de laisser derrière soi des années de rationalité ordinaire pour partir rechercher une nouvelle issue dans l'occultisme. Mais en l'occurrence, l'univers ne lui laissait plus le choix. Il devait accepter que ce qui lui arrivait n'était pas rationnel pour rentrer chez lui. Il y était prêt. En fait, s'il avait eu une paire de souliers rouges à tapoter en chantonnant « there's no place like home », à cet instant, il l'aurait probablement fait. C'était peut-être un effet du désespoir, mais il n'en avait rien à faire. Il devait se volatiliser d'ici ou bien on le retrouverait demain congelé comme un sorbet. Allez.
L’œil assombri par un délire étrange, il part se hisser sur un rocher noir dont la neige a abandonné le surplomb, et il s'assoit avec un long soupir. Il observe pensivement la faible buée que forme sa respiration dans l'air gelé et qui disparaît presque instantanément, comme un souffle avorté. Puis il se secoue. Il pose son portable sur ses genoux et se lance dans la préparation du petit rituel qu'il a mis au point chez lui pour inverser l'effet Davis. C'était la première fois qu'il le mettait en pratique, mais il avait bon espoir d'en tirer quelque chose. Il avait remarqué une certaine régularité dans ses propres déplacements, dont les autres ne lui avaient pas parlé jusqu'ici, et il avait su rentrer à Philadelphie par ses propres moyens, quoi que ça ait à chaque fois réclamé beaucoup d'efforts.

Il sort ses écouteurs de sa poche et d'une main malhabile, les branche à son téléphone. Ramenant ses jambes contre lui pour tenter de conserver un peu de chaleur dans les bourrasques que la montagne lui jetait à la figure, il retrouve les pistes d'ambiance sonore qu'il a enregistrées dans son appartement en prévoyant une occasion comme celle-ci.
Bientôt, il pousse le son de ses oreillettes au maximum et ferme hermétiquement ses paupières, dont les cils durcis de givre lui grattent désagréable le coin des yeux. Pourtant, il doit se concentrer, c'est tout à fait impératif.
Il reconnaît les pas pressés de ses colocataires, qui font des bruits mats sur le carrelage et viennent parfois s'étouffer sur les tapis, ainsi que leurs voix familières, puis le ronronnement du chat qui frotte son museau au microphone. Un sourire fleurit doucement sur les lèvres de Nathan qui sombre peu à peu dans une transe hypnotique. Quelques notes de de musique s'envolent dans les airs, comme des papillons paresseux posés sur les touches du piano dont les marteaux tapent malicieusement les cordes.
Son souffle devient régulier et profond, il circule partout, il emplit sa gorge, sa poitrine, son ventre, s'échappe entre ses lèvres et revient lentement faire un grand tour. Lentement, il dégrafe le bouton de son col, puis un autre, il délasse sa cravate et il trouve sous sa chemise un drôle de pendentif qu'il avait fabriqué avec soin dans son salon. C'était un vieux médiator en métal qu'il avait attaché autour de son cou au moyen de deux cordes usées de sa contrebasse, et dont il reconnaissait très instinctivement le toucher.
Il se fait une image très nette de son appartement, maintenant. C'est comme un rêve précis où il peut se déplacer dans une troublante illusion de réalité. Ses mouvements sont un peu flottants, mais il sent que c'est la meilleure visualisation qu'il pourrait obtenir de l'endroit, surtout étant données les circonstances.

Seulement, ça ne vient pas. De très longues minutes passent et l'air glacial qui transperce les vêtements de Nathan a cruellement raison de sa concentration. Il se replie sur lui-même, la main serrée sur son totem de retour, le museau enfoui dans le col de son manteau. Et ça ne marche pas. Il sent ses nerfs se froisser et se contracter sous sa peau et ses paupières sont agitées de tics qui les décollent douloureusement, comme si elles étaient scotchées l'une contre l'autre. Il se frotte brusquement les yeux et, dans un soupir, commence à psalmodier d'une voix blanche.

« Avenue des Arts... Broad Street, Philadelphie... L'avenue des Arts, Broad Street, Philadelphie... Philadelphie... Broad Street... Allez... allez, fonctionne ! Je veux... il faut revenir... allez... s'il vous plaît... »

Il est transi de froid, jusqu'à la moelle, jusqu'au cœur.
Pendant dix-neuf ans, il s'était rendu à l'église tous les dimanche. Une telle constance n'avait été interrompue que le jour où il avait fait sa valise et quitté la maison familiale pour aller traîner ses guêtres et ses baskets dans la rue, au gré parfois des squats qu'il trouvait sur son chemin. Il avait cessé d'allumer des cierges et de brûler de l'encens, et de prier pour que les choses adviennent selon la volonté infiniment bonne de Dieu.
Il ne savait pas vraiment si c'était à Lui qu'il s'en remettait aujourd'hui, maintenant qu'il comptait essentiellement sur ses propres forces pour changer un tant soit peu le monde. En tout cas, il réalisait maintenant avec beaucoup d'évidence qu'il existait certains obstacles contre lesquels ses forces seules ne pouvaient plus rien. Alors c'était le moment ou jamais pour la Providence de se rappeler qu'il lui avait quand même consacré beaucoup de ses grasses matinées quand il était gosse et que ça se payait un jour.
Pas vrai ? Allez, quoi. Qu'est-ce que ça Te coûte au fond ? Tu m'as bien amené là sans que ce ne soit utile à rien ni à personne, alors Tu peux bien faire machine arrière pour corriger le tir au moins ? Non ? C'était toujours le même problème de toute façon avec Toi ! T'es sourd comme un pot à toutes les saloperies qui se passent ici ! Allez, ça suffit.

Nathan ouvre rageusement les yeux et tire ses écouteurs de ses oreilles.
C'est à ce moment précis qu'un craquement sinistre résonne dans le silence impérial de la montagne. Et puis un énorme mugissement éclate dans le lointain. Nathan saute sur ses pieds et écarquille des yeux vers les hauteurs, plein d'un affreux pressentiment. Désincarné, assourdissant, le bruit vient comme de la gueule d'un monstre ou des profondeurs de la terre.
Il plisse des cils derrière les verres de ses lunettes et le froid s'empare tout à coup de ses entrailles. Une violente bourrasque se jette à sa figure et le malmène comme un vulgaire roseau. La respiration coincée au fond de ses poumons, Nathan ne sait où précipiter ses pas. Il reste paralysé devant l'imminence de la catastrophe qui étend ses bras blancs et multiples sur lui et s'apprête à le happer dans un grondement d'une absolue blancheur.

Mais de toute façon, il est trop tard.
Une certitude atroce le submerge en même temps que l'avalanche s'abat sur sa tête et l'enveloppe de sa mortelle étreinte.

Le silence, la nuit, l'immobilité.

Nathan ne retrouve ses esprits qu'à demi, quand la montagne s'est de nouveau figée dans son indifférence surhumaine. Ses yeux s'ouvrent fiévreusement, sa tête est un champ de mines. Une toux épineuse lui ébranle le poitrail et embrase soudain tous les nerfs de son corps qui s'entortillent en pelotes endolories.
Est-ce qu'il tombé de ses skis en descendant la piste rouge ? Où est Léo ? Pourquoi est-ce qu'il est incapable de bouger ? Il s'échauffe et sa respiration s'emballe, alors qu'il commence à réaliser qu'il est enseveli dans un sarcophage de neige et de glace.
Ses yeux s'embuent, ses muscles se tendent, mus par une préoccupation instinctive : bouger avant que la neige ne se tasse. Il tente de s'ébrouer. Rien. Il recommence. Impossible. Dans un déchaînement de panique, il rassemble toutes ses forces, s'arc-boute sur les coudes, pousse du dos autant qu'il le peut. Mais c'est inutile, il ne bouge pas d'un centimètre.
Couché à plat ventre – du moins, c'est ce qui lui semble – strictement bloqué de tous les côtés, de la neige partout, dans le nez, la bouche, les yeux, il perd complètement la tête. Il s'agite, se tortille, secoue les jambes, rien à faire l'étreinte demeure. Il a chaud, il suffoque, l'air va lui manquer.
C'est alors qu'il réalise, à travers la brume qui recouvre ses pensées, qu'une de ses mains est appuyée contre son visage. Une pulsation d'adrénaline perce à travers sa réflexion engourdie et il agite ses doigts avec véhémence pour gratter dans la neige et creuser un trou autour de sa figure. La bolée d'air qu'il cueille à pleins poumons est une délivrance inouïe.

Il respire d'abord par à coups rapides et avale beaucoup de neige. Sa pensée va très vite et dans tous les sens. Il a l'impression d'avoir huit ans à nouveau et il ne sait pas ce qu'il fait ici. Il s'imagine que son frère ou ses parents viendront bientôt le tirer de cette terrible immobilité qui le prend par les reins, le ceinture et le bloque totalement. Mais rien ne bouge. Tout est calme et plongé dans un silence digne d'un caveau. Il respire plus longuement. L'air parvient plus laborieusement à son cerveau, à mesure que les minutes passent. Il a l'impression d'être déjà pris dans une espèce de rigidité cadavérique – comme un homme en léthargie qu'on aurait enterré vivant. L'engourdissement gagne bientôt ses pensées. Le froid l'entraîne dans une très molle inconscience.

**

De la neige tombe sur son visage et lui brouille les yeux. Cependant, tandis que son cœur sonne une glorieuse volée de cloches dans tous ses membres, il la distingue blanchâtre entre ses cils. La neige. Le jour sur la neige. Il est sorti de la nuit.
On l'entoure d'une grande pièce de tissu – une nappe, une couverture, quelque chose – c'est épais et imprégné d'une chaleur qui le fait frissonner de délice. Il y a du fracas autour de lui mais il n'est pas en état de saisir quoi que ce soit des grattements, des hurlements ou de la valse efficace de son sauveteur. Il a la tête encore pleine de ses vieux souvenirs qui colorent tout en demi-teinte. C'est sépia. Flou, nuageux, lointain.
Une sorte de gourde atterrit près de lui dans la neige. Il plisse des yeux, sans comprendre. De toute façon, il est encore à moitié enseveli et il ne sent plus sa main libre qui lui semble comme congelée. Ce n'était même pas la peine d'essayer d'attraper ce truc-là. Il n'y pense déjà plus.
Il se passe encore du temps. Nathan a enfoui son visage dans la cape qu'on lui a donnée. Il voit très mal, bien que ses lunettes soient encore miraculeusement collées sur son nez. Un de ses verres doit être fendu et c'est pour le moment le cadet de ses soucis. Il flotte encore dans une stratosphère perdue, où ses parents s'affolent de l'avoir vu dégringoler comme un bolide de la piste rouge.

Une voix lui parvient, toute écrasée de panique. On lui parle en anglais. Nathan fronce péniblement des sourcils. Pourquoi on lui parle en anglais... ?

« On... on n'est pas dans les Alpes... ? Je... je croyais... »

Les mots s'écharpent dans sa gorge et sortent de sa bouche complètement atrophiés, mais en bon français, comme autrefois. Il s'attend d'ailleurs à trouver le visage de son frère, penché au-dessus du sien, quand son bienfaiteur vient le ramasser à la petite cuillère. Il est gelé jusqu'aux os. Quand on le flanque sur ses guibolles, il a l'impression que tous les astres du ciel sont en train de tituber autour de lui, tant la lumière est éblouissante et ses appuis instables. Son genou droit tremble de façon incontrôlable et surtout, tout à coup, un éclair de douleur le pique à travers l'épaule pour aller s'étoiler impitoyablement dans sa nuque. Il y a quelque chose qui cloche sérieusement.

« Aow... Aïe. »

Ça fait mal. On tente de lui mettre des raquettes aux pieds, on le déplace, on le promène et il palpe avec perplexité son épaule, à travers le tissu de son manteau. Son angle n'est vraiment tout à fait naturel, à vrai dire. Nathan pâlit à vue d’œil. Un ricanement extrêmement nerveux vient lui charcuter la gorge, pendant qu'il s'écrase lourdement contre le flanc de son mystérieux camarade qui s'affaire maintenant à le débarrasser des mêmes raquettes qu'il vient de lui enfiler si laborieusement. Il ne comprend rien du tout à ce qui se fabrique. Le choc est comme une fièvre qui s'est abattue sur ses facultés cognitives et l'éblouit aussi intensément que la lumière de la montagne frappe ses rétines. La tête dodelinant lentement d'un côté et de l'autre, il se laisse guider par son sauveur jusqu'où bon lui semble, perdu de toute façon dans son délire qui persiste.

« Hey... Léo... dis pas à Jo' que j'suis tombé, d'accord... ? Ehh, attent- »

Il s'effondre douloureusement par terre. Très douloureusement. Quelques larmes lui montent aux yeux alors qu'il crispe sa main sur son épaule probablement démise après tous ces roulés-boulés à fond de train sur le dos du Mont Blanc. Son cœur cogne à grands coups fâchés contre ses côtes, il grimace. Sous ses fesses, il y a une sorte de brancard de fortune, à ce qui lui paraît. Sa tête lui tourne très vivement, comme à un gosse qui aurait bu un coup d'alcool à jeun, sauf qu'il est parfaitement transi de froid. Il frissonne de la tête aux pieds et puis, lentement, se recroqueville sur lui-même dans le but un peu naïf de ratatiner en même temps la douleur. Un nouveau rire franchit la barrière gercée de ses lèvres. Il bat des cils.

« Tu sais j'crois que j'ai fini par gonfler le bon Dieu... Hahahaha... J'l'ai contrarié... Et... » Ses dents se serrent autour d'une plainte de chien blessé, ses doigts s'agrippent à son épaule. « ...et j'me suis fait trèèès maal... »


HRP :


Dernière édition par Nathan Weathers le Sam 15 Avr - 0:51, édité 2 fois
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Luc De Vernet


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MessageSujet: Re: Neige, aiguilles et belles quenottes ! [Nathan]   Neige, aiguilles et belles quenottes ! [Nathan] Icon_minitimeMar 28 Mar - 11:56

Je jette un regard derrière moi, le machin parle, cause, baragouine, essaye de dire, ouai on va dire ça, essaye de dire des choses en français. Ca ne rend le bordel plus facile à comprendre, à première vue il se plein de Dieu, C’est toujours la meilleur chose à faire, premièrement parce qu’a première vue le vieux barbue n’en a rien à foutre, je connais des athées bien plus heureux que des croyants et vice versa, petit deux parce qu’à première vue il a été crée pour recevoir tout les malheurs du monde. Soyons franc, ainsi que tout ce qui y va bien aussi. C’est un peut l’exutoire universelle avec des noms diverses certes mais un bon exutoire. Avant il a balancé des noms, probablement sa famille, j’ai une mémoire des noms indignes un truc qui donne l’impression que je suis juste un gros troue de mémoire sur pate, en vérité c’est juste les prénoms, je ne peux pas … Je ne sais pas trop pourquoi. M’enfin le gamin avait rien de cassé et puis au pire je le ferais évacué par hélicoptère. Pour une raison inconnu jamais ça m’est passé par l’esprit que le gamin pouvais être sujet à l’effet que nous appellerons Davis totalement par hasard et parce que ce dernier à assez bossé sur la téléportations pour qu’on lui rende hommage non ? Entre scientifique c’est important. Mais c’était genre le dernier de mes souci, j’étais chez moi, dans ma montagne, mon domaine, ici il n’y a que le blanc et le bruit des pates sur la neige, le calme et la beauté, la magie et ce coté affolant n’y a pas vraiment sa place.

Et puis la montagne c’est bien trop dangereux pour qu’un gas s’amuse avec la téléportations. Le subconscient avait fait un bon travail de fond, le genre de trucs bien inutile, très faux, et profondément stupide comme seul un bon subconscient sait le faire.

Mais bon j’avais autre chose à penser, le gamin sortait du froid, et son plus grand mal, mis à part peut être son épaule et quelques foulures, c’était le froid, il fallait donc que je le ramène au refuge fissa. Pas le temps de rire ni de trainé sinon il allait probablement falloir lui enlever des doigts et des oreilles pour éviter qu’ils se gangrènent après que le corps ai décidé de les sacrifier pour la bonne cause.

J’avance donc rapidement, petit un parce que je suis harnacher devant les chiens, c’est moi qui ai la longe la plus longue, ce qui fait que les chiens tirent bien et que je ne tire presque que mon poids, petit deux parce que j’ai les miennes de raquettes fautes d’avoir des interdigitaux comme mes chiens, petit trois parce que c’est ma ballade quotidienne et que c’est pas une petite monté qui vas me faire du mal.

C’est donc après une grosse demi-heure que j’arrive au refuge avec mon paquet le portant dans mes bras sur les dernières cinq minutes car la neige commence à manquer autour du refuge. Ce n’est pas un gamin, c’est un adulte, plutôt lourd d’ailleurs, mais bon vue l’état de son épaule et le fait que faire un brancard me ralentirait sérieusement et que je n’ai pas le temps de jouer le l’enroule simplement dans ma cape. Pourquoi on ne peut pas sauver des jolies demoiselles bien fines et agréables à regarder ? Quitte à ce que ce soit quelqu’un en vêtements de villes … Bein non, un mec, pas désagréable à regarder en soit je pense quand il est plus dans sa couleur naturel et moins vers le bleu violet.

Après un classique :


“Attention ça vas faire mal, je te remettrais ton épaule dès que tes tendons se seront réchauffer sinon j’ai peur de te les péter …”

Je le soulève du sol et l’embarque après avoir détaché les chiens.

C’est Dagda qui m’ouvre la porte, il m’a fallut deux heures pour le lui apprendre, et six jour pour lui apprendre à la fermer. Maintenant il entre et sort tout seul, et surtout maintenant il referme la porte derrière lui, ce qui est vital en montagne. C’est pour ça qu’il y a une tresse de tissue qui pend de chaque coté de la porte. Les derniers touristes parisiens pensaient que c’était des mantras mongols … J’aime bien les touristes parisiens, ils sont drôles … Surtout quand je leur réponds que si ils veulent l’électricité il va en falloir un qui pédale après avoir moi recharger mon portable… Là j’attends qu’ils tirent au sort, puis je le mets sur un vieux vélo avec une dynamo qui est bien relier à ma batterie que j’ai récupéré chez Tesla, et je montre aux autres qu’un peux plus haut j’ai une éolienne en forme d’arbre, une superbe invention d’ailleurs, et que sur le toit sud un panneau solaire … Il est peu visible mais ça suffit pour le refuge.

Je pose le gamin dans un des deux seuls fauteuils que j’ai monté, enfin même fait pour être exacte, avec de la laine des chiens et des brebis, je suis allé acheter du tissue en bas et j’ai fait les coussins comme ça, c’est assez approximatifs mais ça fait son office et c’est confortable. Non c’est vachement lourd un fauteuil et le refuge n’est accessible qu’à pied. Alors il y a certain trucs que j’ai fait monter en hélico mais les fauteuils c’était le dernier de mes soucis.

Un gros plaide sur les genoux après l’avoir foutu à poile mise à part son bras blesser que je veux ausculté avant et je vais chercher de quoi faire un Süütei tsai à la mode du nord, c’est-à-dire avec plus de gars que de reste.


“Installe toi, ne bouge pas trop, et laisse ton épaule douloureuse en direction du feu, quand je reviens je me charge de ça.”

Il me faut moins de cinq minutes pour rassembler tout ça et chopper du lait frais et bien chaud et retourné au chevet de mon joyeux mourant qui c’est fait trrrèèèèès mal. A première vue il va mieux, il est moins bleu et plus noir, moins grelottant, il fait bon chez moi, les chalets en bois sont un plaisir pour la chaleur et la régulation de température.

En parlant de chalet je vais vous décrire ça pendant que j’ausculte mon chochotte.
Le chalet donc lui est plutôt homogène, pas comme la peau du gamin couverte de bleus diverses qui vont tourner jaune pour la plus part. Agencer autour du poil centrale il est plutôt spartiate, un coin avec un ordinateur portable éteint un bureau sous laquelle se trouve les batteries et une chaise. Une table donc un des cotés long donne sur le poile, un joli gros poile à bois en fonte, lui par exemple est monté en hélico … Pas comme la gamin qui ne redescendra pas en hélico, il n’a rien de cassé, troisième vérification et c’est toujours la même chose, juste une épaule démise, je doute que son assurance couvre une descente en hélico pour des bleus. L’épaule démise ça se règle.
Je lui donne un bout de cuire à mettre dans sa bouche, ou pour être plus exacte je lui mets mon cuire à aiguisé dans la bouche sur le bout que j’utilise peut et dans lequel j’ai déjà mordu plusieurs fois pour des raisons similaires.
La plus part du mobilier ici à été fait par moi, et au début je me suis mis plus d’un clou dans les doigts, puis on apprend, bois, cuire et tissu. La plus part des choses qui ont été monté sont les tableaux, je suis nul en peinture, les choses que j’ai fait venir de Mongolie, teintures broder, lits à l’étages, tables, et armoires, ainsi que les petites chaises basses autour de la table de jeux.


“Ferme les yeux et mord là dedans je vais te remettre l’épaule avant de t’enlever la fin de tes vêtements … Un … Deux …”

Je suis un connard … Craquement sinistre, je tire un bon coup dans l’axe et l’épaule reviens à sa place quand je lâche en douceur. Dagda couché au pied du mome à sursauter quand le craquement est arrivé à tourner sur lui-même et est revenu se coucher à la même place, la plus la plus confortable du coin, sur le tapis, à coté du poil …

“Et trois … Voilà, ça vas faire mal trois quatre jours mais elle est à sa place. Tiens je t’ai ramené ça aussi c’est des affaires à moi, ça sera trop grand mais elles sont sèches je les laisse à coté du poile quand tu as assez chaud met les, et change ton caleçon aussi … Je te l’ai pas enlever parce que je ne sais pas trop comment tu es pudique mais tu vas attraper mal si tu le garde. Et fait gaf y’a Dagda sous tes pieds, je te présente Sol, et Tyr est dehors. On est entre mec et moi je reviens je passe dans le gare de manger chercher les bonbons aux yaourts pour aller avec le Süütei tsa, et de la viande et des légumes à cuire. Il va bien te falloir ça.”

Je m’absente quelques minutes pour revenir avec un plateau et divers bols, La viande est encore fraiche, c’est la partie que je n’ai pas fumé la vieille Tyk’ était proche de mourir de vieillesse il y a quelques jours, je l’ai achevé, ça me fait de la viande. Avec la chasse c’est la seule viande que je mange.

Quand j’ai mis le cuissot au feu sur la broche, tout posé sur la table et servit le Süütei je me pose enfin en face de lui avec la question fatidique :


“C’est un paris avec tes copains ? Ils sont allés chercher du secours en voyant l’avalanche ? Parce que j’en ai trouvé aucun dessous …”
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MessageSujet: Re: Neige, aiguilles et belles quenottes ! [Nathan]   Neige, aiguilles et belles quenottes ! [Nathan] Icon_minitimeLun 10 Avr - 20:41

Et son épaule retrouve férocement sa place. Il a pâli un grand coup, les yeux parcourus d'éclats rutilants. La douleur est insoutenable et elle achève de le sortir de son délire fiévreux, dans un horrible craquement qui résonne d'un os à l'autre et fait grincer et crisser tout son squelette jusqu'à son crâne et ses dents. Ses nerfs sont à vif et il en vient à regretter, pendant des secondes d'une intensité terrible, le froid mordant de la neige qui en le transperçant jusqu'à la moelle faisait taire son mal.
Il n'avait pas besoin de faire valoir d'être né dans un couple de médecins ou même d'avoir fait des études en la matière pour savoir qu'une luxation d'épaule, ça n'était pas un drame. Seulement maintenant qu'il l'expérimentait en pratique, il comprenait pleinement l'usage des anesthésiants quand on remettait tout ce bazar en place. Honnêtement, quand ce type lui avait annoncé qu'il ferait ça lui-même, il avait ressenti quelques doutes.

A travers le brouillard qui recouvrait tous ses sens, il lui trouvait une figure de loup, ses traits étaient rudes et fermés, recouverts d'une toison épaisse et sauvage. Disons qu'instinctivement, il n'était pas certain du tout de vouloir s'abandonner à ses soins ni à ses grandes mains caleuses d'homme des bois.
Le mal est fait, de toute façon.
Et Nathan ne trouve pas assez d'énergie pour signaler à son infirmière de mauvaise fortune que le temps que ligaments se ressoudent correctement, il lui faudrait de préférence un bon bandage inextensible, voire un plâtre et un mois d'immobilisation... Il est bien trop occupé à s'empêcher d'hyperventiler en se ramassant sur lui-même et en levant un regard affolé vers cette espèce d'ours qui a par miracle réussi à remettre son bras dans l'axe.

En fait il est incapable de dire s'il a encore le cerveau ramolli par le choc ou si c'est ce drôle d'énergumène qui a avalé tout rond un lot de piles haut-voltage au déjeuner. Il est en tout cas trop sonné pour interrompre sa tirade, ne serait-ce que pour le remercier, et lui ne lui en laisse ni le temps, ni le loisir, emporté par son débit d'une endurance et d'une rapidité extraordinaires. Il y avait de quoi impatienter un juge, faire les pieds aux jurés et même assommer la partie adverse d'un seul souffle – comme le grand méchant loup. C'était redoutable.
Surtout pour les alpinistes improvisés dans le genre de Nathan que la montagne venait miraculeusement de recracher parmi le règne des vivants.

D'ailleurs, il finit par décrocher, sous une deuxième avalanche de noms et de termes étrangers qui n'ont pas le temps de s'agripper à sa mémoire exténuée. Il n'a même pas encore réussi à comprendre pourquoi, au milieu de toute cette précipitation, que son hôte incongru a déjà mis les voiles et encore disparu de la pièce. Hébété, la bouche entrouverte sur un élan de réponse, il ne lui est désormais plus très utile de trouver les mots qu'il aurait fallu pousser sur ce chemin.

Heureusement pour lui, peut-être, parce que son sens de l'humour était très tenté de révéler à son très viril bienfaiteur qu'il ne lui importait pas beaucoup de se déshabiller, que ce soit devant lui, un autre homme ou même une chaste représentante de la gente féminine, tout comme il lui paraissait absurde d'être plus embarrassé par la nudité de l'un ou de l'autre. En vérité, il n'avait jamais fait beaucoup de discrimination dans ce domaine-là...
Quant à la pudeur, en revanche, il en avait bien peu ; par chance, toutefois, il avait assez d'égard pour celle des autres. D'aucuns diront qu'il avait toujours eu davantage d'égards pour autrui, quel que soit son sexe, que pour sa propre personne.
D'autres jugeront qu'il vaut peut-être mieux pour lui d'éviter de parler d'orientations sexuelles à n'importe quel montagnard du fin fond des Alpes.
En fait, ce n'est même pas du tout le moment de s'égarer dans ces considérations. Il fallait profiter de l'absence du propriétaire, moins pour ménager une pudeur quelconque en réalité, que pour régler en toute urgence le cas Walton qu'il serait impossible d'évoquer à ses côtés sans passer pour un aliéné.

Les yeux de Nathan, à travers ses verres crasseux et fêlés, tombent rapidement sur son manteau qui sèche paisiblement sous le ronron du poêle, accroché à une chaise avec les tristes restes de son costume. Bien. Maintenant, il faut décoller ses fesses de ce maudit fauteuil. Il a un peu l'impression d'avoir quatre-vingt dix ans avec toutes ces contusions et ses genoux qui font des castagnettes mais la chaleur et le crépitement réconfortant du feu lui donnent un nouveau courage. Il s'appuie de sa main valide à l'accoudoir et tente valeureusement de se relever. Le chien, à ses pieds, lève la tête vers lui avec ennui mais ne proteste pas quand Nathan l'enjambe, avec toute la prudence du monde.
Rassuré que l'animal soit sage et retourne s'assoupir dans un gros bâillement, il s'en va trouver dans la poche intérieure de son manteau un téléphone satellitaire dans lequel il avait investi quelques semaines auparavant. Se faire parachuter pendant trois jours sur une île déserte lui avait mieux ouvert les yeux sur la précarité de sa situation. C'était difficile de penser qu'il pouvait à tout moment se téléporter dans la brousse, loin de toute civilisation, mais au bout d'un moment il fallait se résoudre à croire que tout pouvait arriver et prendre quelques mesures.

Il prend une grosse inspiration en recueillant le téléphone entre ses doigts rougis.

« Bravo, Nat'. On continue sans faiblir... »

Il s'accroche de son mieux à son sang-froid, debout et à demi-nu au milieu du salon douillet et bien chauffé de son hôte, et il compose au plus vite le numéro de son client. Quelques tonalités sonnent mollement à son oreille, tandis qu'il surveille le couloir où le bon barbu a disparu un peu plus tôt et où il craint de le voir revenir, les yeux plissés derrière ses lunettes cassées.
Et puis ça décroche, au bout du fil. Nathan se racle discrètement la gorge.

« Allô, Mr. Walton ?
Weathers ? C'est vous ? »

Comme d'habitude, sa voix autoritaire détonne avec la sécheresse et la puissance d'un coup de feu. Nathan retient un lourd soupir qui s'appuie désagréablement contre sa cage thoracique.

« Eh ben, où vous êtes passé, vieille branche ? Je vous ai cherché partout ! Et le match est fini maintenant, vous avez raté le meilleur !
Ah, oui, ça c'est... c'est... C'est vraiment dommage. Mh.
Comme vous dites ! C'est triste d'avoir raté une action pareille ! C'est même malheureux, vous auriez dû voir Frazier... »

Et ça y est, le voilà reparti pour un tour. Pourtant, vraiment, Nathan n'avait pas de temps à prendre avec ces bêtises. Il pince ses lèvres en retenant un frisson et s'impatiente sérieusement, pendant que Walton écrase toute tentative de conversation sous un ton particulièrement sonore. Et cet homme-là qui allait reparaître d'un instant à l'autre... Il prend sur lui, surmonte sa courtoisie ordinaire et profite que son client tire une bouffée de cigarette au milieu de son monologue pour reprendre la parole.

« Oui, oui. Oui, je regrette, c'était vraiment un... un très bon moment. Mais vraiment, je vous assure que c'est tout à fait contre ma volonté que j'ai dû, enfin, m'absenter, vous voyez. Je...
Ah, bah, pour vous être absenté... !
Oui, je vous remercie de vous en être préoccupé, Mr. Walton,
grince doucement Nathan, c'est aimable à vous.
Allons, c'est rien, mon p'tit gars !
Oui... Bref, je-ahh... »

Cette fois-ci, c'est un énorme éternuement qui l'interrompt en l'ébranlant de la tête aux pieds dans un éclair de douleur. Il serre les dents et titube sur ses jambes, la respiration coincée dans un nœud de sa poitrine. Sa tête lui tourne, sous le rire gras de son client qui lui pleut dessus en mitrailles.

« Sounds like you caught a cold, Weathers... Eh. You know... cold... weather...
Ha, ha, mh. »
Un rictus amer lui tord les lèvres et il se frotte le nez en tentant de retrouver un timbre neutre, mais le murmure qu'il fait tomber est plus onctueux – et plus caustique – qu'il ne l'avait prévu. « I think you'd rather like it cold than stormy however. *
Oh mais, vous êtes un petit malin, vous, pas vrai... ? »

Un autre rire bien satisfait grésille dans l'émetteur.

« Disons que j'ai eu l'occasion de travailler ma répartie. J'en ai plein d'autres, si vous voulez, mais... l'infirmière ne va pas tarder à revenir.
L'infirmière ??
Oui,
répartit plus tranquillement Nathan, savourant les accents de stupeur dans la voix de Walton. Vous vous souvenez, le homerun des Sox.
Oui, mais quoi, quelle infirmière ??
Celle qui s'occupe de mon cas. Après le homerun, je suis allé nous chercher des bières et... enfin, je me suis retrouvé au milieu d'une altercation entre supporters. J'ai fait une belle chute dans les escaliers.
Ah bon ??
Oui, oui, comme je vous dis, on a dû appeler une ambulance. Ce n'est rien de très grave a priori, mais je suis aux urgences, au moment où je vous parle.
Eh ben, ça alors. Si j'avais pensé...
Et moi donc ! »

C'était effarant de voir à quel point la pente du mensonge est aisée à suivre quand le monde entier est déterminé à ne pas vous croire. Pourtant, Nathan n'avait jamais été d'un naturel faux ou même hypocrite, en dépit d'une politesse quasi imperturbable et d'un certain amour pour le second degré. Raconter des histoires, il ne s'y essayait que depuis récemment et ses débuts avaient été relativement malhabiles. Maintenant, il devenait plus facile d'inventer des prétextes à ses collègues ou même à certains de ses clients, quoi qu'il se sente toujours plus convaincant à l'écrit ou par téléphone qu'en face à face où le regard des autres venait chatouiller impitoyablement sa conscience. Bien sûr, ces nouveaux talents n'empêchaient pas ses scrupules de lui serrer le ventre du matin jusqu'au soir et de le poursuivre jusque dans son lit. Mais est-ce qu'il y avait bien autre chose à faire ? Il avait tenté de révéler la vérité à son frère après avoir disparu de la circulation le mois dernier. Il s'était mis en colère. Ça n'avait rien d'extraordinaire de sa part et Nathan ne prétendait pas lui inspirer de bien meilleur sentiment que celui de la confusion en lui expliquant qu'il avait été téléporté au beau milieu du Pacifique.
C'était compliqué, en ce moment...

« Et dans quel hôpital on vous a envoyé ? » lance soudain Walton, d'un ton étonnamment scrupuleux. Nathan blêmit. « Je peux passer vous voir, je ne suis pas encore à l'hôtel.
Oh, c'est... c'est très prévenant de votre part, mais ce ne sera peut-être pas nécessaire, je...
Ah mais j'insiste !! Mon pauvre ami, c'est d'un type comme moi dont vous avez besoin pour vous guérir de votre poisse.
Haha, euh, oui, non mais... Hola, je suis désolé, je dois raccrocher, revoilà l'infirmière... !
Attendez, Weathers, vous m'avez pas dit le nom de l'hôpital !
Je vous rappellerai ! A plus tard ! »

Il s'empresse de raccrocher, le cœur battant et le regard tétanisé, figé vers le couloir où il a en effet cru entendre un peu de bruit.
Pour une infirmière, c'était un drôle de numéro, ce bonhomme, et si Nathan ne se plaignait sûrement pas de ses secours jusqu'à maintenant, il ne préférait pas lui donner de raisons de s'énerver contre lui. Ou d'appeler la police. Voire l'hôpital psychiatrique le plus proche. Un frisson parcourt sa peau nue. Il fallait se rhabiller maintenant ou il allait attraper une pneumonie.
Il récupère ses vêtements d'emprunt que le feu a gorgé d'une bonne chaleur en vrombissant dans le poêle et il retourne s'effondrer dans le fauteuil en enjambant encore une fois ce pauvre chien fatigué qui ronfle paisiblement. Se débarrasser de son caleçon glacé n'est pas une mince affaire quand on est enfoncé dans un siège avec un bras handicapé et des doigts engourdis, mais ce n'est rien face à la tâche éreintante qui consiste à se rhabiller. En fait, Nathan est très occupé à remonter un sous-vêtement sec sur l'ombre délicate de ses fesses quand son infirmière barbue revient, les bras chargés de quoi nourrir un régiment.

Une secrète appréhension lui noue la gorge. Mais il ne peut s'empêcher malgré tout d'ouvrir des yeux arrondis de curiosité et d'observer silencieusement les gestes pleins de force tranquille de son hôte qui vaque autour de la table et du poêle, un énorme cuisseau à la broche entre les mains. En même temps, il se rassoit sagement à sa place et s'occupe d'enfiler avec toute la discrétion du monde un pantalon d'une taille trop grand pour lui, puis des chaussettes épaisses où il remue des orteils avec un bonheur incomparable. Il ne pourrait peut-être pas échapper à quelques engelures mais la douce tiédeur qui enveloppait désormais ses pieds était une merveille de simplicité.
Le gros pull Jacquard dans lequel il passe sa tête est aussi destiné à une carrure plus solide, mais c'est le cadet de ses soucis présentement. Il se donne quelques suées en luttant pour passer son premier bras dans une manche et tandis que son hôte s'attable en face de lui, il capitule pour le second bras dont l'épaule le fait trop souffrir et qu'il noue autour de son ventre, à l'intérieur de son pull. Un sacré soupir passe la frontière de ses lèvres et il contemple pensivement la tablée, le bol de lait qu'on lui a servi, ce qui doit être ces fameux bonbons au yaourt qui ressemblent à des gâteaux blancs comme de la poudreuse, et les légumes chauds, jusqu'au visage taillé au burin de son hôte tout au bout.

Son âge est indéfinissable. De plus près, toutefois, toute cette broussaille qui lui recouvre la figure lui semble moins hirsute et Nathan trouve à son homme une allure moins sauvage, moins brute, moins obscure à travers le chatoiement du foyer. Il esquisse une tentative de sourire à son attention et, machinalement, enroule sa main froide autour de son grand bol fumant dont les odeurs commencent à l'intriguer. Pas encore assez, toutefois, pour lui faire détacher le regard de son étonnant bienfaiteur. Il l'envisage sans rien dire, absorbé par ses traits perdus entre chien et loup, comme le ciel qu'on apercevait à travers les carreaux d'une fenêtre, et reste à s'imaginer sans besoin particulier ce qui peut bien mener un homme à vivre là-haut en solitaire, loin dans la montagne, avec quelques chiens pour toute compagnie. Mais sa rêverie infantile est rapidement prise de court par les fréquences basses de sa voix qui perce comme une aventurière à travers la jungle foisonnante de sa barbe.

« Un... un pari... ? »

Nathan cligne des yeux, abasourdi de fatigue, et s'affole un peu en dedans devant l'urgence qui le presse de nouveau de mentir – et sous un regard inquisiteur cette fois. Ses traits se froncent de concentration et il prend une petite inspiration.

« Hm, oui. »

Il hoche la tête tout doucement, l'air plus décidé, avant de passer une main bleuie d'ecchymoses dans ses cheveux frisés pour s'accorder une petite seconde de réflexion. Sa tête est lourde, sa voix monocorde.

« On peut dire ça, en quelque sorte. Je ne me souviens pas très bien... » Il relève une petite mine navrée vers son hôte et lui sourit avec embarras, en improvisant avec son idée telle qu'elle lui vient. « J'ai dû pas mal décuver sous cette avalanche, pour être honnête... Et les autres n'étaient pas frais non plus avant que ça n'arrive. » Il lâche un léger soupir qui vient faire quelques vagues à la surface de son lait chaud. « Je sais pas ce qui nous a pris. Enfin je... Je viens de les appeler. Et... ça va. Ils se sont mis à l'abri. Dieu merci. Pour les secours, je n'en sais rien, à vrai dire, ils étaient encore sous le choc et ça n'était pas très clair au téléphone... »

C'était l'avantage d'être habitué à plaidoyer par monts et par vaux, on y gagnait une certaine habileté en matière d'improvisation. Bien sûr, il ne peut pas trop s'empêcher de baisser honteusement son nez vers son bol tant la sensation qui accompagne le mensonge lui est désagréable, mais dans tous les cas, cet air d'enfant pris en faute ne ferait pas préjudice à la version de l'histoire qu'il s'efforçait de présenter au barbu. Au moins ses sentiments faisaient ton sur ton. Il se pince les lèvres.

« Les... les étudiants en groupe... Vous savez ce que c'est... Déjà qu'un par un, c'est pas forcément brillant... »

En l'occurrence, il en avait une assez bonne idée pour avoir fréquenté de sérieux spécimens, à l'époque où il traînait ses guêtres de squat en squat. Jamais ça n'avait atteint pareil sommet, mais quand même. Un rire un peu frêle lui échappe et il secoue sa tête de dépit.

La chaleur appétissante de son bol lui fait définitivement envie – davantage que le regard scrutateur de son hôte, à présent – alors il le porte un peu malhabilement à ses lèvres pour en prendre une bonne lampée. Le goût, et surtout la consistance, le surprennent aussitôt. C'est comme boire une soupe. Au lait. Ou de la crème. Une soupe à la crème. En tout cas, c'est très, très riche dès la première gorgée, et onctueux et salé. Il y a une note prononcée de thé noir.
Nathan fronce du nez, piqué d'une parfaite curiosité face à sa mixture, et y jette un long regard de réflexion, sans faire de commentaire toutefois. Il s'essuie la bouche dans le creux de sa main et relève la tête plus vaillamment vers son interlocuteur, qu'il salue d'un petite inclination du front, le regard brillant de gravité et de gratitude.

« Mais il faut que je vous remercie. C'est une chance incroyable que vous me soyez tombé dessus, sans vous j'aurais sans doute fini congelé comme un esquimau. » Il sourit de sa plaisanterie, presque malicieusement, avant de reprendre un visage plus respectueux. « Comment je dois vous appeler, Monsieur... ? »

Levant vers lui un regard appuyé, il plonge de nouveau ses lèvres dans son... thé, à ce qu'il semblait, très intrigué, et spécialement content de sentir l'épais mélange lui réchauffer la poitrine en coulant paisiblement dans son ventre. La douleur irradie toujours de son épaule et son bras est toujours coincé sous son pull, d'où il ne préfère pas le bouger, mais son cerveau ne s'en préoccupe plus qu'avec beaucoup de trouble, submergé par tous ces signaux très contradictoires de bien-être que lui procurent ce poêle ronronnant et ce bol délicieusement tiède. Il se sent tout étourdi.
Dans un soupir, il se frotte les pieds l'un contre l'autre pour récupérer par gourmandise quelques étincelles de chaleur supplémentaires, et tapote le bord de son bol du bout du doigt d'un air sincèrement intéressé :

« Et hm... et qu'est-ce que c'est, ça ? C'est... particulier mais... enfin c'est assez réconfortant. »


* Les jeux de mots avec le nom de Nathan seront toujours écrits en anglais, sinon c'est pas drôle. D'ailleurs, je précise que toute la conversation avec Walton est énoncée en anglais, il n'y a pas un mot de français de prononcé ! Quand il s'adresse à Luc, en revanche, c'est en français.

NB :
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MessageSujet: Re: Neige, aiguilles et belles quenottes ! [Nathan]   Neige, aiguilles et belles quenottes ! [Nathan] Icon_minitimeMar 11 Avr - 12:00

Rassembler des vivres n’est pas vraiment une tache difficile, ça laisse le temps de se posé tranquillement, et de décontracter ce qui restait de stresse de l’avalanche, de laisser les muscles sortir les derniers tas d’hormones qui sont allé se fixé dans les fibres musculaires et les reins faire leur travail. Autant dire que si ça ne me laisse pas vraiment pensé tranquillement avec mon cerveau encore plein du cocktail magnifique de cortisol, adrénaline et corticotrope, il était tout de même assez réceptif.

Je ne sais pas vraiment si c’est les reste du stresse ou le fait qu’il parle Anglais avec beaucoup de respect qui m’a fait tendre l’oreille, ça m’a rappeler les gens que j’avais au téléphone, l’entreprise, le temps passé. Le gamin à la façon de parlé des gens important, celle qu’on retrouve dans la bouche des gens qui ont pour travail de parler, les poses, le respect qu’on sent là partout même lorsqu’il fait une blague que je ne comprends pas … Mais on s’en que c’en est une à l’énonciation. Il doit y avoir un jeu de mots avec ce qu’a dit l’homme en face, je suppose. M’enfin ça n’a rien d’une conversation avec un groupe d’étudient, ni d’une conversation d’un mec qui sort d’une avalanche.

Paf mon taux d’adrénocorticotrophine vient jouer la flèche, l’adrénaline remonte aussi. C’est quoi ce bordel ! C’est pas du tout la façon de faire de Lockheed, ils n’ont aucune raison de m’envoyer un mec, en plus ils ont mon contrat, et mon numéro de téléphone, je suis actionnaire chez eux, et pas petit … Non il y a un autre truc derrière ! Un truc bizarre mais qui n’a rien à voir ce n’est pas contre moi.

Et merde dans mon coup de stresse j’ai raté une belle partie de la conversation, c’est ça de flippé pour rien, et puis le gamin a été déshabillé par mes soins, il a rien sur lui, il ne vient pas pour moi mais comment c’est possible ? Et puis pourquoi ce faire coincer dans une avalanche, non aucune foutu raison que ça soit pour moi, ce qui le rend encore plus étonnant…

Je souffle un coup et me sert une première tasse de Süütsei, ça me fait du bien, je l’ai vidé d’un coup, sans vraiment y réfléchir, je le sens couler en moins, il est encore un peu doux, le temps d’arrivé il aura finit d’infuser. Je tends à nouveau l’oreille, à première vue l’autre veux venir et … L’infermière. Je souris, bordel je dois faire une bien belle infirmière qui viens de creuser dans la neige qui doit puer la transpiration, dans un lieu qui sens la montagne et à la rigueur le chien mais sérieusement pas l’hôpital.

Bon il y a des trucs à éclaircir avec ce gamin, genre plein, une grosse flopé, le genre de truc qui arrive par camions de douze tonne, mais là n’est pas vraiment le problème du moment. Petit un parce qu’il a bras inutilisable, petit deux parce que Dagda est à ces pieds et qu’il faut être con pour tenter quelque chose contre moi en cette situation, petit trois parce que mon cerveau, même si il a encore des doutes à décidé qu’il n’était pas là contre moi, parce qui que ce soit il n’aurait pas envoyé un gamin noir pas bien musclé et habillé comme ça …

Je lui laisse le temps de se posé et regarde mon plateau, non en fait je laisse le temps à mon tas d’hormone inutile de redescendre en regardant mon plateau, bordel ce que je me suis fait peur pour rien, il n’y a aucune raison de m’en vouloir, je suis un chercheur, il y a à la rigueur des gens qui peuvent me vouloir chez eux, mais c’est tout. Et le gas parle Anglais pas Russe ni Syrien … Je dois avouer que si ça avait le cas je l’aurais probablement plaqué puis ligoté jusqu’à ce que la police arrive, j’ai un peux peur qu’ne troisième guerre mondiale éclate avec ce que je reçois comme information. Et de la guerre moche. De la guerre où on a besoin de chimiste.

Je souffle un coup et reviens tranquillement, mon cerveau boucle sur le fait que le gamin est louche mais que je n’ai rien à craindre puis il finit par ce convaincre lui-même. Je m’attelle à mes occupations mettre le cuisson dans le poile et les légumes dessus pour les faire réchauffer, enfin de faire un vrai repas, petit un parce que la nuit commence à tombé, petit deux parce qu’il en a besoin.

Puis je me pose avec mon Süütsei et j’écoute sa réponse de temps en temps je fais tourné la broche.


“Oui je connais les étudiants, je l’ai été et j’en ai eut, tu fais quoi comme études ?”

Puis je tilt … Qu’est ce qu’il a dit exactement, il vient de passer un appelle ? Depuis ici ?

“Tu viens de les appeler ? Avec quoi mon portable ?” Je mets la main à ma poche machinalement, non le miens est là, mais rien ne capte ici à part les satellitaires … “Tu es sur quoi comme réseaux ?”

Un étudiant avec un téléphone satellitaire ? Bordel on aura tout vue … Bon ok on va commencer par le début et admettre que ce n’est pas un étudiants, et encore moins un étudient de la vallée, pas un français les vacances sont finit … Ca commence à tenir à rien son gros mensonge là.

“J’en ai même eut des étudiants, pas dans la vallée mais à Genève, mais les vacances sont pas finit ? Les miens étaient plutôt brillant, en groupe ou un pars un … M’enfin je n’enseignais pas à n’importe qui aussi.”

Je le laisse boire tranquillement en répondant, sa première gorger de Süütsei, je n’ai pas vraiment envie de lui brisé ce moment, c’est magique, moi la première je crois avoir eut du à l’avaler, mais bon je ne sortais pas de sous un avalanche, je descendais d’un avion. En montagne tout est bon comme on dit !

Enfin je fais gaf à mon temps, je ne cherche pas vraiment à le mettre en défaut, ceci dit je ne suis pas un professionnelle de ce genre de chose, j’ai du géré des conflits, faire un peut de management, mais c’est vraiment pas ma spécialité.


“Appelle moi Luc, ça suffira très bien. Et évite Monsieur, je sais que je suis plus vieux que toi.
Je fais tout les avalanches du coin, c’est la saison des imbéciles et les skieurs de rando se retrouve pas mal sous les avalanches en ce moment. Ils partent trop tard, la neige prend un coup de chaud et paf, ça ce décroche … Tu n’es pas le premier, et tu ne seras pas le dernier, mais t’es le premier en costume … Et je pense et j’espère que tu seras le dernier. Tu n’es pas ma première épaule non plus, mais bon je suis moins bonne infirmière qu’hôte alors mange donc.

Quand à ça c’est un Süütsei Tsa, à la mode Mongole. T’es pas Vegan ? Si c’est le cas faut que j’aille chercher des légumes frais, ça c’est cuit dans le lait et le jus de viande … Quand j’en ai j’en profite.

Pardon l’habitude des Bobo parisiens, tu viens d’où ? Et c’est quoi ton prénom ? Gamin ça vas te faire chier à un moment …

Et met tes pieds sous Dagda, c'est une bouillotte.”


Il est bizarre mais je l’aime bien, il n’a pas craché le Süütsei et semble même apprécier. C’est donc un gas bien. Et puis ça lui faisait déjà une floppé flopée de questions à répondre, même si c'est le principe d'une conversation il me semble ...
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Nathan Weathers


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MessageSujet: Re: Neige, aiguilles et belles quenottes ! [Nathan]   Neige, aiguilles et belles quenottes ! [Nathan] Icon_minitimeDim 23 Avr - 3:18

« Oula... euh, attendez... Ne m'en veuillez pas, mais si vous continuez à cette allure, vous allez finir par me perdre. Je n'ai pas encore les idées très claires... »

Le nez à peine levé de son bol de thé et une jolie moustache de lait au bord des lèvres, Nathan bat des paupières et fait papillonner son regard sur le visage rude de son hôte. Naturellement, s'il en croyait la série de questions qui lui fonçaient dessus en escadrilles, l'homme était sceptique. Voire défiant. Il semble plus sombre que tout à l'heure, ses yeux, logés dans ses orbites creusées, le scrutent sans ciller comme deux billes noires auxquelles s'accrochent quelques étincelles de lumière. Ce n'était pas très bon pour ses affaires.
Il répond d'abord à la première colle, la plus facile, toujours décontenancé cependant par le débit impétueux du barbu :

« Eh bien... je fais du droit. »

Il replonge discrètement son museau dans son grand bol pour éviter de devoir échanger de trop longs regards avec cet imposant limier qui quoique sagace, ne lui expliquait pas comment un type aussi brillant qu'il disait l'être en était aujourd'hui réduit à enseigner au sommet de la montagne à une petite meute de chiens. Nathan plisse doucement ses lèvres, gardant cette petite réserve pour lui, et il préfère avaler une gorgée salvatrice à la mettre en parole. Ce serait impoli et intrusif. Pas vraiment le genre de crasse qu'on fait à l'homme qui vous a tiré de sous une avalanche, prêté ses vêtements et collé dans un fauteuil devant un festin royal.

« Mais je suis étranger, j'étudie à Harvard, finit-il par répliquer, d'une voix qu'il veut faire aussi posée que possible. En ce moment, on est en congé. » Il esquisse un sourire gentil et s'essuie la bouche, encore, repérant cette fois une serviette de bon aloi, près du plat de gâteaux, et il poursuit avec mesure : « Je les ai appelés avec mon portable à moi. Un téléphone satellitaire. On fait pas mal de voyages comme ça entre amis, c'est un investissement bien pratique. Surtout en ces circonstances... »

Il soupire assez involontairement, dans un bel élan du cœur. Les circonstances, pas vrai... ? Ah, elles étaient belles, les circonstances. Deux fois de suite qu'on le catapultait entre les griffes impitoyables de Mère Nature et ce coup-ci, elle avait tout juste manqué de le pulvériser en bonne et due forme. Alors un téléphone satellitaire, c'était vraiment le minimum vital.
Évidemment, cela échappait à son interlocuteur qui garderait sans doute de cette anecdote un sentiment troublé, mais tout ce que Nathan avait de mieux à faire pour ne pas avoir l'air plus louche qu'il ne l'était, c'était de rester très premier degré et de jouer la naïveté. Pour le reste, il pensait tout de même pouvoir être cru sans mal. Avec son visage d'enfant, il passait encore aisément pour un étudiant et on s'étonnait souvent qu'il ait plus de vingt-cinq ans.

De toute façon, l'homme – Luc, maintenant – était déjà passé à autre chose et sautait du coq à l'âne à un rythme étourdissant. Nathan le laisse faire, très confus, et se contente de boire sagement son thé en tentant d'assimiler toutes les demandes qui saillaient ça et là dans le brouhaha tranquille de son monologue. Bon Dieu, et on venait lui reprocher, à lui, d'être une pipelette, mais ce grand solitaire avait fait du bavardage un art de vivre. C'est tellement surprenant qu'il ne peut pas s'empêcher de lâcher quelques petits éclats de rire quand on semble finalement lui rendre la parole. Les sursauts de ses épaules le font souffrir, mais cela lui importe peu. Ouvrant de grands yeux étonnés sur le bonhomme, il secoue la tête d'une mine parfaitement incrédule, un grand sourire aux lèvres et la gorge encore hantée par quelques grelots impertinents.
Là, il pose son bol sur la table et porte une main gênée contre sa bouche pour les étouffer doucement. Cela lui faisait toujours plaisir, qu'on lui parle si librement, mais il n'y était plus vraiment habitué. Ses clients étaient pour la plupart d'un caractère réservé.
Serrant ses lèvres avec beaucoup d'espièglerie, il lance, comme une joyeuse petite fusée sur un champ de foire :

« Vous êtes un bolide de compétition, vous, dites-moi ! Enfin en matière de discussion en tout cas. »

Oh, c'était à peine moqueur. Pas bien méchant. Ce genre d'allusions, il le réservait à ses connaissances les plus sûres mais aujourd'hui, c'était plus fort que lui. Il avait passé la matinée avec un business man insupportable, failli se faire tuer dans une avalanche, et il se retrouvait là, avec ce personnage haut en couleurs qui lui parlait à tort et à travers de tout ce qu'il pensait – bref, Nathan était joueur par nature et ce petit coup de pouce que lui donnait l'adrénaline lui faisait pousser des ailes.
Ce n'était pas sa faute aussi. C'était ce Monsieur Luc qui avait commencé, avec son ton glorieux de virilité et son superbe « On est entre hommes, faut pas t'en faire pour ta pudeur ! » (à peu de choses près). Il ne faisait que le prendre au mot – un peu mesquinement peut-être, mais c'était fichtrement comique.

« Bon. Mh. » Il pouffe à nouveau, puis se fend d'une petite moue faussement contrite. « Excusez-moi. Alors. Par où commencer... ? Hm... Je m'appelle Nathan, et je ne suis pas... végan... Soyez tranquille. C'est encore au-dessus de mes forces. Ou même de mon courage, comme beaucoup. »

Il dissimule à peine la petite rouerie de son sous-entendu, dans la mine subtile de son visage. Après tout, il enrobait moins ces petites piques par hypocrisie que pour leur donner le ton apaisant de l'humour. Si ce fameux Luc comprenait où il voulait en venir, c'était tant mieux, ça pourrait lui donner à réfléchir.
Parce que quand même, se moquer des bobos végans parisiens tout en lui servant un thé à la mode mongole, ça avait quelque chose de cocasse. C'était comme entendre Mrs. Walton reprocher son train de vie à son mari, quand elle partait un week-end sur deux faire la fête à Miami. Les gens ont souvent moins conscience d'eux-mêmes que des autres. Ou peut-être qu'on déteste tout simplement davantage les défauts qu'on observe sur autrui comme dans un miroir.

En ce qui concernait le véganisme, Nathan était très honnête à ce sujet. La gourmandise avait toujours été un de ses péchés les plus irrésistibles et malgré les exactions diverses des entreprises agro-alimentaires, dont il avait beaucoup appris en fréquentant des militants convaincus, il envisageait trop douloureusement l'option de faire évoluer ses habitudes nutritives. Il aimait encore trop frire son poulet à côté de son coleslaw, craquer pour un Mac'& Cheese avec sa filleule, faire caraméliser des travers de porc et s'empiffrer de gaufres et de brownies, quoi qu'il lui soit possible de s'en passer comme pour une large part de la société occidentale. Il avait pris conscience qu'aujourd'hui les digues qui s'opposaient encore au bon droit du véganisme n'étaient plus argumentaires ou philosophiques, mais bien psychologiques et culturelles.
C'était donc bien de courage qu'il manquait, au moins autant que Luc manquait probablement de connaissance ou de compréhension dans le domaine. Mais l'homme avait tous les traits de la bienveillance, malgré la maladresse de son jugement. Il était difficile de lui en vouloir pour si peu – d'autant que sa cuisine commençait à lui mettre l'eau à la bouche...

Alors Nathan ne se fait pas davantage prier, il attrape maladroitement un des gâteaux de sa main libre et observe avec appétit le chou, les pommes de terre et les carottes qui mijotent dans leur jus de viande. En attendant, il enfourne la confiserie au yaourt avec autant de plaisir qu'il avait bu sa première gorgée de thé et son estomac accueille la nourriture avec un grondement de créature à l'agonie. Il s'enfonce lourdement dans le fauteuil et se préoccupe bien peu de sa peau marbrée de bleus qui proteste à chacun de ses mouvements, tout à fait ravi et blotti au coin du feu comme un pacha.

« J'sais pas si ch'peux être objectif en l'état, marmonne-t-il, la bouche pleine, mais d'ici ch'a r'ssemble un peu à... à une bénédiction du Ciel votre r'pas... »

Il soupire et passe sa main dans ses cheveux pour les démêler avec un sourire de bienheureux. Puis il rattrape sa tasse de thé au lait salé – dont le nom lui échappe déjà, et dont il ne sait pas grand-chose de plus, au final – et se satisfait d'une nouvelle (et longue) lampée. Un soupir d'aise s'échappe de ses lèvres et il se redresse tant bien que mal pour chiper un autre gâteau blanc, un peu bruni par la cuisson.

« Sinon, comme je vous l'ai dit, je suis Américain. » Il esquisse un sourire aimable, toujours avec une petite pointe de malice. « Je n'ai pas vraiment d'accent en français, mais ça peut arriver... même pour nous, apparemment. »

Il rit d'une voix douce.
Puis se tortillant dans son pull trop grand, encore bien embarrassé de n'en être qu'à moitié habillé, il va se masser prudemment son bras endolori.

« Et mon épaule, ça va mieux, je vous remercie... Luc. Elle est bien contente d'avoir retrouvé sa place. » Elle serait sans doute moins douloureuse avec de l'arnica, en réalité, mais il commençait à se sentir gêné de faire courir son homme partout dans son chalet... A la place, il se mord la lèvre avec facétie en s'apprêtant à croquer dans son gâteau. « Vous faites une remarquable infirmière et une hôtesse de choix. »

Il fait l'astucieux, le Nathan, mais tout au fond de lui, il n'en mène pas large. Il ne sait pas vraiment si Luc a repris à dessein ce mot qu'il a employé pour parler de lui à Mr. Walton tout à l'heure – « l'infirmière » – ou si c'est sa paranoïa qui le démange ; seulement derrière son sourire futé et ses lunettes fêlées, il s'attend qu'on le confronte d'un instant à l'autre pour qu'il mette fin à sa petite mascarade. L'ennui, c'était qu'il n'avait guère mieux qu'une mascarade à proposer à son sauveur. Lui parler de téléportations ne lui conviendrait pas davantage, il en mettrait sa main à couper.

« Enfin, sincèrement, reprend-il, avec beaucoup de reconnaissance, vous avez le sens de l'accueil. C'est comme être au Réveillon... Sans toute la famille qui se prend le bec, par contre. C'est très agréable. »

Puis, en observateur taquin, moitié amusé, moitié attendri par les travers de son homme, il fait courir ses yeux sur la décoration du chalet. Il s'attarde un moment sur les grandes tentures brodées tirées sur les murs, la main bien enroulée autour de son bol. La pièce était assez spacieuse, mais son atmosphère avait quelque chose d'étrangement intimiste. Chaque recoin semblait dissimuler une histoire, des meubles dont l'allure était très artisanale aux peintures très colorées dont le détail attirait le regard.

« Et puis, c'est vraiment... disons... typique... ? chez vous ? Vous avez fait un voyage humanitaire en Mongolie, ou quelque chose comme ça ? On dirait que c'est un endroit cher à votre cœur. »
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Luc De Vernet


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MessageSujet: Re: Neige, aiguilles et belles quenottes ! [Nathan]   Neige, aiguilles et belles quenottes ! [Nathan] Icon_minitimeVen 28 Avr - 10:56

“Hum t’as pas ta langue dans ta poche non plus gamin, y’a deux trois but à toutes ces question et à mon début, le premier est de voir ce que je ne peux pas voir parce que je n’ai pas d’IRM, comment ton cerveau à survécu à l’avalanche, à première vue pas de commotion … Et ça me rassure, tu peux suivre, t’as pas juste de la bouillit dans le crane, c’est une bonne nouvelle pour toi.
Et merci, je les fais comme je les faisais là bas, mais en montagne tout est bon, les redescend pas…”


Je sors un couteau de ma poche et coupe une première tranche de viande qui grille encore dans le feu, elle est craquante, merveilleuse, je le fait tourné et en coupe une seconde, puis une troisième pour faire le tour, comme un kébab dirait l’autre, ouai, sauf que ça je sais ce qu’il y a dedans. Et c’est bien mieux.

“Après pour le reste, bah je déteste qu’on me mente, mais ce que tu vois autour de toi est Mongole parce que je me sens plus Mongole que d’ici, là bas l’hospitalité est un devoir, qu’importe qui la demande ou qui en a besoin. J’y ai vécu, plusieurs années, ça m’a permis de ne pas devenir fou.
Je vais te dire un secret, il y a de nombreuses personnes qui vivent à la campagne et qui sont des gens qui ont participé à l’évolution de la société, des chercheurs émérites, mais qui pour ne pas devenir fou en sont sorti par là. C’est a que les bobos Parisiens ne savent pas…”


J’arrose à nouveau la viande de jus qui chauffe au dessus avec un pinceau, la viande j’en est peu alors c’es toujours un jeu d’aller chercher les saveurs le plus loin possible, les goutes d e jus tombe dans le feu dans leur chuintement magnifique libérant un flopé d’odeur digne d’un parfum, ok le parfum d’un rôtisseur mais le parfum du rôtisseur d’un Palais royal alors. Devant il y a les herbes, les herbes ça arrive vite, ça se pose là et ça fait un beau lit, à l’odeur ? Non parce que je sais ce que j’ai mis dedans alors ça aide pas, mais à l’odeur on a très vite les classiques, thym, basilique, un peu de sauge, origan, le tous pousse derrière la maison. Ensuite tu as les odeurs de légumes, bein oui ils ont cuit dans la sauce avec la viande. Ok pour ceux qui ne savent pas, la viande de chèvre, surtout de vieille chèvre qui est prête à mourir ce n’est pas vraiment raffiné alors faut faire des trucs, entre autre la ramollir et pour ça la faire mariné avec des légumes c’est une merveilleuse idée avant de la passé au feu. Et puis derrière à la toute fin, qui viennent se posé tu a les odeurs plus étonnantes, une goute de safran, un peu de gingembre et surtout une couche de châtaigne dans du lait … A les châtaignes j’adore ça.

Je continue mon monologue, ne lui laissant pas vraiment le temps de répondre point par point, l’étudient devra me faire un exposé si il veut reprendre tout mes points. J’aime bien cette idée, donné des cours, oui je pense que ça me manque un peu, mais moins que faire de la recherche, cependant je ne sais pas trop si je serais capable d’en faire à nouveau dans cette société.


“… Pour le reste je préfère les gens qui sont végétariens, il y a un certaine forme d’âme derrière, c’est des gens qui ne se mentent pas, même si certain non végé’ ne se mentent pas non plus mais c’est un autre débat. Je le suis moi-même, végétarien, je ne participe pas au complexe de la viande, il y a trop de raisons pour ça, je ne peux plus m’y résoudre, mais je mange de la viande qui est là pour être manger, des animaux morts, faible ou malade, comme un loup, je prélève sagement pour les chiens et moi, et j’en mange que quand il y en a trop pour les chiens.

Mais Nathan, je te comprends, je ne peux pas te le reprocher, moi j’ai l’opportunité de faire ça, je doute que toi tu puisses. Et bonne chance pour Harvard, je ne connais pas les prof’ de Droits … Mais c’est une bonne école… Et fait gaf à ton téléphone, ça vaux une demi fortune ça.”


Je me retourne vers lui et prend une des tranche de viande qui est sur le plat au milieu de la table. Je le détaille un demi instant avec un regard un peu dure, oui je déteste qu’on me mente c’est une de mes vieilles habitudes, un truc qui traine tout au fond de mon âme, je ne sais pas trop de quand ça date mais je me dit que c’est le cas de tout les humains moyens …
Puis je lui souris, au font c’est son problème si il veut me mentir pas le miens, je n’en ai que faire de tout ça, ce n’est pas ma vie, de toute façon …


“Je te redescendrais dans la vallée demain, il faudra que j’aille faire trois courses et c’est le marché demain … Alors profite il faudra se lever tôt, j’ai une frontale de rab’ donc ne te fait pas de souci. Je descendrais vendre entre autre ce qu’il reste des bonbons au yogourt si tu n’as pas tout mangé, sinon ce n’est pas grave, comme je te l’ai dit, le plus important c’est l’hospitalité !”

Ouaip j’y crois, je suis probablement juste un vieux fou mais j’y crois, si quelqu’un à besoin d’aide il n’y a vraiment aucune raison de ne pas lui donné. C’est bien ce que m’ont appris mes voyages, ceux qui ont le moins donnent le plus car ils savent ce qu’il en est … or je manque de rien alors aucune raison de ne pas lui donner.

“Et puis pour le coté réveillons, je l’adore aussi, c’est le plus beau. Ne cherche pas à t’embêter avec les prises de becs si tu en a vue dans ce que je viens de te dire, je n’ai rien contre toi, après tout tu fais ce que tu veux. Profite juste, la montagne est belle en cette saison, et puis, pour une fois qu’il me reste de la viande ! Personne n’a le droit de se battre autour de bonne viande non ?”

Je m’adosse dans mon siège avec le sourire, une tranche de viande sur mon assiette que je mange au couteau … Ouai, la vie ici est belle.
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Nathan Weathers


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MessageSujet: Re: Neige, aiguilles et belles quenottes ! [Nathan]   Neige, aiguilles et belles quenottes ! [Nathan] Icon_minitimeSam 13 Mai - 19:52

Apparemment, le père Luc n'est pas résolu à ralentir la cadence, et encore moins à céder à Nathan le loisir de répondre quoi que ce soit à sa diatribe. Peut-être qu'il s'en lave les mains, de son avis, comme la plupart de ses clients importants qui n'avaient plus besoin d'entendre les idées des autres dès le moment qu'ils s'étaient forgé les leurs. Mr. Walton lui-même avait beaucoup tendance à s'écouter parler. Ou peut-être cet homme n'est-il qu'un malheureux ermite que la solitude a rendu oublieux d'autrui.
Mais Nathan ne s'en fâche pas. Il est bien trop occupé à se servir une tranche de viande et une panoplie de petits légumes aux effluves alléchants. Le moins qu'on puisse dire c'est que la manœuvre requiert son entière attention et toute l'habileté de sa seule main valide. La deuxième est toujours empêtrée dans l'épaisseur du pull trop large qu'on lui a prêté. La douleur crépite le long de ses épaules, court sous sa peau marbrée de bleus et noue des crampes dans son bras tendu, mais il pince fort ses lèvres pour l'ignorer et cesser de trembler comme une feuille. Il commençait à se faire bien fatigué. Et le jus de viande dégouline partout sur la nappe. Un morceau de carotte profite de la débande pour se faire aussi la malle, puis la moitié d'une patate glisse à son tour de sa cuillère, et le résultat ressemble à l’œuvre d'un Petit Poucet malpropre qui serait parti du plat pour rejoindre son assiette.
Merveilleux...

Nathan laisse échapper un soupir minuscule et ferme les yeux un instant pour garder toute la contenance qu'il peut. Quand il redresse la tête, il tente d'esquisser en direction de son hôte un petit sourire contrit, mais son pli crispé trahit sans mal son état nerveux et l'épuisement de ses forces. Il se mord un peu la langue, les joues empourprées d'une chaleur honteuse, puis plante sa fourchette dans une des tranches de viande que Luc a réservées dans le plat pour la ramener vindicativement dans son assiette. A cet instant, il aurait probablement donné un royaume pour partir s'enrouler un bon siècle dans la grosse couette de son lit et oublier le monde, l'effet Davis, Wayne Walton et toutes ces fichues salades qu'il s'oblige à raconter afin de ne pas finir à l'asile. Pour une raison qui lui échappe, par dessus le marché, les salades en question ne remportent aucun crédit auprès de la clientèle. Il y a un éclat noir dans les yeux perçants de son hôte et ses paroles ne laissent désormais plus le moindre doute sur ce qu'il a décidé de croire.
Mentait-il si mal ?
L'homme avait-il écouté aux portes tout à l'heure... ?

Nathan déglutit un peu, de plus en plus mal à l'aise. Pâlit. Comprend en baissant le nez sur son assiette qu'il sera de toute façon incapable de couper sa viande. Là-dessus, il plante sa fourchette dans une pomme de terre et l'enfourne avec un peu trop de précipitation. C'est brûlant, il grimace.
Son cerveau n'avait peut-être pas fini en bouillie, comme Luc avait eu la gentillesse de le lui faire remarquer, mais avec toutes ces péripéties, il était complexe de suivre la teneur très hétéroclite de son discours. Il s'écroule silencieusement contre le dossier moelleux du fauteuil et se concentre sur les lèvres barbues de l'homme, où s'écoulent des flots de mots impatients et fort exigeants. Mâchant désormais un bout de carotte avec moins d'enthousiasme qu'il en attendait, il plisse ses yeux derrière ses lunettes cassées et les redresse sur son nez d'un air très perplexe.

Et puis d'un seul coup, il manque de recracher tous ses légumes dans son assiette, saisi par surprise par un extraordinaire fou rire qui le percute droit dans les côtes. Le fou rire le secoue comme un pantin dans la main d'un enfant joueur et il se plie en deux, tâchant péniblement d'avaler sa bouchée avant que sa gorge ne décide de tout expulser par dessus bord. Oh, Seigneur.
Il est hilare, il n'y peut rien, c'est nerveux. Son visage est cramoisi, il le cache derrière sa main qui a abandonné sa fourchette au bord de son assiette. L'adrénaline a plongé son esprit dans une brume épaisse, où ses propres actes ne sont plus que des silhouettes fumeuses et floues. Il essuie du bout des doigts quelques larmes qui commencent à poindre au coin de ses yeux, sous ses lunettes, sans prendre immédiatement conscience de l'inconvenance terrible de son comportement. Oh, Seigneur.

Son rire est rauque et tordu, et il continue de monter dans sa poitrine, intarissable, pendant que Luc achève son subtil chapitre sur le code d'honneur qu'il disait partager avec les végétariens. Ou les végans, peu importe. Au point où on en est, la définition exacte des termes était sûrement partie faire un tour en orbite autour de Vénus.

Ce bonhomme est magique. Il était là, entier et monolithique, offert au crible avec la franchise la moins réfléchie du monde, comme ces gens qui ont trouvé la sagesse en cassant en deux un biscuit chinois. Il n'avait honte de rien. Il se hissait sur la condescendance d'un ton professoral et entendait dominer le monde depuis l'arrogance de ses positions. C'était le plus grand dispensateur d'opinions – le plus magnifique spécimen de puritain moralisateur qu'il avait jamais rencontré. D'ici, ça y ressemblait fort, en tout cas.
Il avait chargé, comme un taureau sur la provocation d'un matador, en sentant qu'on avait mis sa fierté d'homme en jeu. Il avait foncé, et brutalement il était devenu végétarien – sans se préoccuper du sens qu'on donnait au terme – il serait devenu le premier guérillero du véganisme, il aurait fait tous les serments si cela pouvait prouver la virilité de son caractère.
Et c'était Nathan qui lui avait fait dire tout ça, en quelques mots à peine. C'était vertigineux. Et d'une ironie... ! D'une ironie qui le frappe comme une brique. Il est sonné, à moitié hystérique à hoqueter dans le creux de son coude.

Il ne sait même pas vraiment si la situation est si comique que ça. Son cerveau surmené s'est transformé en panic room. Nathan ne sait plus très bien où il en est ni ce qu'il fait ici avec cet homme, il a l'impression de s'enfoncer dans une bouillie épaisse et délirante. Il réalise peu à peu la muflerie énorme de son attitude et se mortifie entre deux éclats de rire étranglés. Il relève un visage confus et tiré d'hilarité vers Luc et le cache presque aussitôt à couvert sous sa main.

« Je suis vraiment... vraiment désolé... olalala... ... Je suis... im-impardonnable, c'est les... les nerfs... Je vais me calmer... Continuez... »

Il rit et pleure tout à la fois, mais peu à peu cette frénésie est en train de mourir dans sa poitrine, aspirée comme dans un trou noir. Finalement, plus un son ne sort de ses lèvres. Il redevient très blême et s'appuie sur son coude en écoutant du plus attentivement qu'il peut la fin de ce terrible discours. Il ne touche plus à son repas. Ce qu'on lui avait dit sur les animaux morts, faibles ou malades qui passaient à la casserole dans ce foyer aux couleurs de la Mongolie, avait efficacement coupé les ailes à son appétit. Le jugement qui pèse dans la voix de Luc lui rajoute aussi du plomb sur l'estomac, aussi il n'est plus certain de vouloir d'un dîner quelconque.

L'avalanche s'arrête de nouveau. Nathan reprend son souffle, comme s'il avait dû lui-même débiter cet imposant laïus, à peine remis de son affreux fou rire, et il papillonne des cils parmi les derniers flocons qui retombent dans le silence.
Il renifle un peu. La honte l'a transi jusqu'à l'os. Le choc lui donnait bien du mal à résister à ce maelstrom de culpabilité : il détestait, détestait si fort devoir mentir. D'autant que cet hurluberlu-là, avec tous les défauts qu'on pouvait bien lui prêter, avait quand même été sauver ses petites fesses de sous une avalanche, il l'avait ramené chez lui, vêtu et nourri. Comment allait-il réussir à se sortir de ce guêpier... ?

Très concentré sur la recomposition minutieuse de l'ensemble de ce qui a été dit, il triture pendant ce temps une feuille de chou imprégnée de jus de viande qu'il avait tout à l'heure transvasée du plat à son assiette. En tout cas, il ne pouvait plus se résoudre à piocher dans cette plâtrée de viande et de légumes. Déroger aussi clairement à la politesse le mettait toujours extrêmement mal à l'aise, mais en même temps, il ne pouvait pas risquer une intoxication alimentaire pour le bon plaisir de son hôte... Il se mord la langue.
S'il commençait par trouver des réponses à ce patchwork monstrueux de jugements qu'on lui avait présenté, cela pourrait déjà temporiser la question fatidique concernant la viande qu'on lui servait... Parce qu'il ne voyait pour le moment aucune manière courtoise de faire savoir au maître de maison qu'il avait peur que son repas soit avarié.

Le silence dure une éternité, pendant laquelle Nathan cherche à regagner ses appuis si solides d'ordinaire. Il se retrouve peu à peu, comme après l'éclatement effrayant d'une dysphorie. Il se frotte longuement les cheveux, se gratte le crâne presque à sang, profondément troublé.
D'accord, il avait menti. Mais est-ce que Luc serait plus satisfait s'il savait ce qu'était la vérité toute nue ? Il n'y a pas de vérité ou de mensonge, quand on se retrouve téléporté à l'autre bout du monde : il n'y a plus que ce que les gens sont prêts ou non à croire de vous. Vous ne faites plus partie de la réalité où les jugements peuvent être énoncés binairement selon la loi du vrai et du faux. Vous n'êtes plus réel. Vous êtes seulement cet inconnu bizarre, presque intangible, une sorte d'hallucination qu'on s'attend à voir disparaître d'un moment à l'autre. Et la possibilité qu'une personne que vous rencontrez d'aventure se mette à croire en vous est infime.

Et puis de toute façon, qu'est-ce qu'il pouvait en savoir, Luc, en tout premier lieu, de ce qu'il mentait ou non ? Ce n'était sûrement que des déductions fondées sur quoi... ? Le fait qu'un étudiant noir n'avait pas de quoi investir dans un téléphone satellitaire peut-être ? Oh, mais de toute évidence, il avait dû bénéficier d'une bourse pour entrer à Harvard ! Ces gens-là, vous savez, c'est rare qu'ils puissent faire des études autrement, alors on leur donne de l'argent... La vérité, c'est qu'on fait beaucoup trop dans le social avec eux, alors qu'ils pourraient travailler dur comme tout le monde ! Pour qui il se prenait, ce type, au juste ?

Une flamme de révolte – contre cet homme, contre l'univers tout entier qui lui jouait des farces – se réveille et gronde dans le creux du ventre de Nathan. Il avait fait de son mieux. Il n'avait commis aucune faute morale, il n'avait fait que se protéger et n'avait rien à se reprocher. Et en même temps, il met le doigt sur ce qui commençait à réellement le contrarier, parmi les mots du montagnard. Il redresse la tête après un très long moment de réflexion, équilibre dans sa voix une juste mesure de tact courtois et de sévérité, et décoche son trait :

« Nathan. » Petite pause silencieuse. Il prend une légère inspiration, criblant soudain Luc d'un regard redoutable de sérieux. « Vous m'avez demandé mon nom, c'est Nathan. Pas 'gamin', merci. »

Il acceptait sans ciller ce genre de sobriquets de la part des vieilles personnes, parce qu'il leur supposait l'acquisition d'un certain droit d'aînesse qui venait compenser les désavantages notoires à faire partie du troisième âge. Qu'une tête blanche prenne son ton d'autorité et l'appelle « gamin », comme elle désignait le reste du monde, ça ne lui posait pas problème.
Qu'un type blanc pas beaucoup plus âgé que la trentaine lui serve le même couplet, c'était une autre histoire. Nathan prenait ces choses très à cœur : sa profession et mieux encore son expérience d'homme noir lui laissaient voir que les mots n'avaient pas moins de pouvoir ou d'impact que les actes. Ils étaient des actes. Il pouvait les laisser passer une ou deux fois, mais s'ils devenaient une tendance, il préférait donner de la voix et s'y opposer fermement plutôt que laisser l'autre établir tranquillement son ascendant et en jouir en toute ignorance ou impunité.
Il ne voulait pas de son paternalisme, ni du sien, ni d'aucun autre, car aussi bienveillants qu'on les lui présenterait, il appréciait d'être traité d'égal à égal. Il faisait trop l'expérience de surnoms condescendants de la part de ses collègues qui n'estimaient ni sa jeunesse, ni sa couleur de peau. Cela ne le poursuivrait pas jusqu'au sommet des Alpes, et Luc se le tiendrait pour dit.

Une fois ce point réglé, ses traits retrouvent leur douceur marquée de culpabilité et Nathan lève un regard plus indulgent vers son compagnon. Il n'était pas exempt de fautes lui non plus, c'était une évidence. Seulement, ça ne l'empêcherait pas de dire à un prétentieux le fond de sa pensée et il décide d'ignorer la fausse branche d'olivier que ce bon prince lui a tendue en guise de chute pour sa tirade.

Parce qu'il s'attendait, après toute la complaisance de son discours, qu'une simple banalité sur la beauté de la montagne en cette saison lui octroierait le droit d'avoir le dernier mot ? Il était gonflé !
Nathan se pince les lèvres, rempli de cette combativité si particulière qui naissait de ses élans d'indignation. Oh, il était exténué, à bout de nerfs, il avait mal partout, et il devrait sans doute se priver de dîner pour ce soir, mais il irait au bout des choses.

Il prend une bonne grosse inspiration et tire un sourire tout en velours. On allait commencer par finir de descendre Monsieur de son piédestal, s'il le voulait bien.

« Pour en revenir à la Mongolie, si ça ne vous ennuie pas, il y a quelque chose qui m'a toujours beaucoup intrigué. Vous savez, ces hommes blancs comme vous, dans les films, qui partent trouver la paix spirituelle en Asie... » Il fronce les sourcils en mimant malicieusement un air d'étudiant étourdi, et se tapote le menton, les yeux brillants. « Pourquoi reviennent-ils toujours d'où ils viennent, si, comme vous le dites, ils se sentent moins chez eux ici que là-bas... ? »

C'est presque une question rhétorique, parce que Nathan en a toujours pressenti la réponse, sans avoir toutefois eu l'occasion de la vérifier auprès des intéressés. Il savait sa réflexion assez subtilement critique, cependant, pour venir piquer leur gloriole de grands paons et leur inspirer un sentiment d'offense, sans qu'ils ne viennent forcément à comprendre où le venimeux aiguillon s'était enfoncé.

Pourtant il en existe un paquet, des autobiographies de ces hommes blancs qui décrivent combien vivre dans un monde que leurs semblables leur taillent sur mesure se révèle insatisfaisant. Le privilège, ça use, il paraît. Il n'y a qu'eux qui peuvent le savoir, après tout. Alors ils s'arment de tout leur courage, s'arrachent péniblement à leur confort et s'en vont affronter leurs démons intérieurs, de préférence dans une bourgade typiquement asiatique. L'Asie, c'est vaste, mais il faut croire qu'on pense tous un peu pareil, là-bas. Peu importe que ce soit au Népal, en Inde ou au Tibet, ils viennent et échangent leurs connaissances avancées d'hommes blancs contre la sagesse ancestrale du patelin qui, d'après leurs récits, s'est éternellement figé dans un âge d'or idyllique, où la simplicité gouverne toute chose. Seulement, voilà, la simplicité, ça va un temps : l'homme blanc est appelé à un plus grand destin. Alors il revient héroïquement à la civilisation, éclairé d'un nouveau savoir, et surplombe paternellement la vulgarité des bobos parisiens qui ne comprennent décidément rien à la substantifique moelle de l'existence.
Une fantastique épopée que les gens comme Nathan avaient dû écouter et applaudir mille et mille fois... Parce que c'était ce qu'on attendait d'eux. De la révérence. Nathan, lui, avait décidé de faire la grève des louanges. Il ne les applaudissait plus, aujourd'hui, ces hommes blancs, il n'était pas sûr de les avoir jamais applaudi, en fait. Il préférait leur poser de vraies questions, parce qu'il était plus que temps de les réveiller de ces fantasmes qui nourrissaient leur ego, maintenant.  

Entourant sa main autour de son bol de thé, dont il s'autorise à boire une douce gorgée, il garde ses yeux noirs vissés sur le visage buriné de Luc, même au moment de relever son nez de l'épaisse mixture blanche et de s'essuyer le museau dans sa serviette. Il se racle la gorge et balaie d'un revers de main ses premières paroles, ainsi que ses réflexions très générales, afin de les reformuler :

« Votre cas est peut-être particulier, mais ça se pose quand même là. Pourquoi êtes-vous revenu ? »

Au fond, il était réellement curieux. Si Luc n'était pas revenu à ses occupations premières, pourquoi avait-il préféré s'exiler avec ses chiens et des échantillons de culture mongole en haut d'une tour d'ivoire ? Bien sûr, d'ici, il avait tout le loisir et l'aplomb de juger et de désapprouver « cette société » et le reste des hommes, peut-être même plus que s'il avait retrouvé leur mode de vie bourgeois de petites gens sans âme... Mais il aurait sans doute pu continuer de le faire depuis la Mongolie. A moins que les Mongols n'aient fini par se fatiguer de sa pomme.
D'accord, ça, c'était sans doute un peu mesquin. Cocasse à imaginer, mais mesquin.
Nathan dodeline de la tête, absorbé par ses pensées.

« Enfin, bon... » murmure-t-il, du bout des lèvres, interrompant à son tour la possibilité d'une réponse immédiate. C'était de bonne guerre. « C'est peut-être indiscret. »

Il soupire. Luc pourrait très bien garder sa réponse pour lui-même, il ne souhaitait pas non plus s'immiscer dans sa vie personnelle. Lui n'était pas un timide, non, il n'avait pas la langue dans sa poche et il avait dit ce qu'il avait à dire. Si son invitation à la réflexion remportait quelque chose dans l'esprit du montagnard, ce serait pour le mieux, sinon, ce ne serait bientôt plus son problème.
En revanche, il restait un certain nombre de questions à démêler, et il se jurait qu'il aurait les tripes de le faire, malgré la migraine qui grimpait comme une araignée le long de sa nuque et qui commençait à faufiler sa toile dans les recoins fatigués de son crâne. Pour le moment, Nathan s'accoude à la table, se redresse et fait l'effort de se tenir aussi droit et digne qu'il le peut devant Luc, même si cela lui coûte visiblement.

« Sachez que de tout mon cœur je vous suis reconnaissant de ce que vous avez fait pour moi, lance-t-il, d'une voix dont la sincérité se reflète avec chaleur dans son regard. Je n'ai pas non plus envie de me fâcher avec vous. Seulement, je vois que vous affectionnez la polémique. Et ça ne me fait pas peur, à moi, alors n'enterrez pas la hache de guerre si vite, vous voulez bien ? »

Il redresse son menton, fronce ses sourcils et rassemble dans sa poitrine autant de fierté qu'il en faut.

« Aussi je vais vous dire ceci. Pour quelqu'un qui n'aime pas le mensonge, Docteur Strange, vous tournez beaucoup autour du pot. » Il se pince les lèvres, son cœur bat un peu plus fort. « Peut-être parce que... malgré tout votre orgueil de « chercheur émérite », vous comprenez que le monde n'est pas seulement fait de vrai et de faux. Vous savez qu'il y a également ce qui est juste et ce qui est injuste, par exemple, ou bien ce qui est beau et ce qui est laid, ce que les gens croient, en somme – et aussi ce qu'ils ignorent. Vous le savez, n'est-ce pas ? Et vous avez peur de vous tromper, parce que vous ne pouvez pas ici discerner le vrai du faux. C'est la raison de tous ces détours. Je me trompe ? Vous ignorez qui je suis, ça, c'est un état de fait. Et n'importe comment, vous ne pourrez pas toucher la vérité à mon sujet, car il sera toujours question de me croire, ou non. »

Il a un peu levé la voix, emporté comme à son habitude par une vive émotion, et il doit se laisser légèrement retomber dans son fauteuil pour retrouver son souffle, les yeux étincelants. Pourtant, son ton n'est pas agressif, il est tout au plus indigné et porteur d'une franchise piquante qui lui vient du fond du cœur.

« Alors maintenant qu'est-ce qui vous fait croire que, moi, je mens ? Qu'est-ce que vous vous autorisez à croire sur mon compte, Monsieur Luc ? Je vous écoute. »

Il serre un peu des dents, piégé dans l'intensité du moment, parce qu'il n'avait pas suffi qu'il fasse partie de ces téléportés pour que sa parole à lui ou même sa personne toute entière ne soit l'objet de croyances et de préjugés. Il vivait avec ça depuis qu'il était né à Camden dans une famille qui avait dû batailler ferme pour ne pas laisser le monde la définir à sa place. C'était toujours le même combat.
Il soupire de nouveau et par mégarde, son regard tombe sur le contenu de son assiette. Il est pris d'une nouvelle alarme.

« Ah, oui, non, pardon, avant toute chose. »

Non, parce qu'il n'était pas dit qu'il le laisse de nouveau parler avant un petit quart d'heure, alors il fallait vérifier un point maintenant, sans quoi ce malheureux encourrait quelques déboires sanitaires majeurs.

« Je ne reviendrai pas sur votre façon de vous dire végétarien, parce qu'elle me dépasse, je crois, et que ça fait beaucoup de choses pour une seule conversation. Mais, Seigneur, vous mangez vraiment des animaux malades... ? Il... il ne faut pas... » Il a le ton un peu désespéré du docteur qui explique à son patient qu'un inhalateur ne se vaporise pas dans le cou comme un parfum. On en rencontrait des égarements humains, en internat de médecine, mais il avait un peu perdu l'habitude, entre temps... Il se pince les lèvres, gêné, fuit un instant le regard de l'homme, puis revient le scruter avec une attention navrée, mais sévère. « Ce n'est pas consommable. Si vous subissiez un violent empoisonnement alimentaire, qui sait combien de temps les secours mettraient à vous descendre de votre montagne et à vous transporter à l'hôpital... Vous finiriez dans un sale état, vous savez. »
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Luc De Vernet


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MessageSujet: Re: Neige, aiguilles et belles quenottes ! [Nathan]   Neige, aiguilles et belles quenottes ! [Nathan] Icon_minitimeVen 21 Juil - 15:00

[Note à ceux qui lisent certain points défendu par Luc ne sont pas du tout scientifique…
Ne croyez pas Luc sur parole …]

Et le gamin se plaint que je parle … Pour son état c’est pas seulement de la rhétorique c’est un véritable moulin, pas moyen de le faire taire un avis sur tout et une bonne volonté de le donner, on dirait moi. Mais ces question ont pour la plus part déjà des réponses, je ne vis plus vraiment dans l’instant depuis quelque temps et j’ai eu le temps d’y réfléchir tout autant. Alors donné des réponses à un gamin ne m’embête au final pas vraiment car si il est certain d’être dans le vrai c’est probablement juste le siens … Ou juste pas le mien au minimum.

Seule la vérité scientifique est stable n’est-il pas ?
Alors je prends le temps de répondre, point par point, pas vraiment pour le faire changer d’avis, mais simplement pour lui expliquer le mien. Après tout je n’en ai pas grand-chose à faire qu’il change ou non d’avis, ni même qu’il adopte le miens, ça fait longtemps que j’y ai déjà réfléchit … Peux être trop, peut-être pas assez, seul un vrai débat argumenter pourrait me faire changer de point de vue. Je suis toujours sensible à la science. Déformation professionnel je suppose.

Je n’ai pas vraiment relever le fait qu’il ait rit de ma façon d’être, je suis chez moi, posé, plutôt que de m’emporter bêtement devant le gamin mon cerveau à juste relégué ça au rang de chose probablement lié à la douleur. C’est plutôt bien en soit ça m’évite de mettre un estropier dehors, oui c’est probablement le semblant de bonté qui me reste qui a classer ça là. Des années d’évolution sur la principe de l’entraide, de sélection sur ce principe là, ça laisse des traces. Il semble d’ailleurs qu’on en ai trouver sur le chromosome six, une mutation qu’on retrouve chez le chien et le loup -bien entendu moins présente sur la zone chez le loup que chez le chien qui fait bien plus de référencement social-, comme quoi la sociabilité est aussi en partie chromosomique.

Alors je commence par le début :


“Ca marche Nathan et ne t’en fait pas pour moi je suis un vieux, fou, bon pas si vieux que ça mais assez fou quand même. Ceci dit, si un jour je te retrouve à nouveau sous une avalanche en costume je t’appelle gamin, non imbécile jusqu’à la fin de ta vie …
C’est que quand je sauve ta vie qui n’aurais pas dût être là je ne sauvent pas celle d’autres qui au moins font des efforts pour au moins être sauver si c’est la malchance qui les a foutu là.”


Bien un détaille de posé, ça me trainais sur les nerfs aussi, il y a quelque chose de pas normal avec ce gas là, mais si il dit que tout ça est normal, alors c’est juste qu’il est imbécile. Quelque part dans mon cerveau j’aurais préféré qu’il fut un téléporter de je ne sais pas où, plutôt qu’un imbécile. Je déteste les imbéciles, même si je fais des efforts de politesse, toute vie vaut autant.

Mais aller lançons nous dans le débat … Allons jouer aussi.


“Pour la Mongolie, c’est pas la première fois que je l’entend … J’ai fui la société hyper-civilisé après avoir mis à jours une affaire de viol sur mineur d’un multirécidiviste qui se payait des vacances … Et le droit d’avoir ses petits plaisirs avec plus ou moins de complaisance grâce à la dite société. J’ai fui comme un lâche parce que je ne pouvais plus la regarder en face et voire dans les autres hommes là des gens qui profite beaucoup trop de ce qu’ils … Ce qu’on leur a créé. Je travaillais au milieu de ça, dans un domaine brassant trop d’argent pour ne pas tout corrompre à première vue … J’ai fui …

C’est pas la première fois que j’entends le fait qui voudrais dire qu’un blanc comme moi n’a pas le droit de se sentir mieux dans une société moins axé sur l’Argent et tous les super défaut de ce capitalisme de convenance que celle qu’on trouve en bas des montagnes, probablement sous prétexte que nos ancêtres ont essayer de l’implanter partout je suppose. Bien que mes ancêtres à moi soit de la foutu noblesse d’épée qui ont jamais participé à la traite parce qu’il ont préféré se foutre la gueule avec d’autres blancs.

Pourquoi je suis revenu ? Je ne sais pas pourquoi d’autres reviennent, moi je suis revenu parce qu’on ne peut pas passer sa vie à fuir, on en devient trop fou, et aussi parce que ma famille et les Alpes me manquaient … Pas l’argent, pas pour baratiné des gens, pas pour essayer de ramener notre société dans le droit chemin ou celui que je pense être celui-ci, simplement pour ces foutu raison, et essayer de comprendre. Mais si je pouvais ramener une partie de mon monde là-bas alors j’y retournerais et qu’importe la fuite.

Je ne peux pas répondre pour les autres Grands hommes Blancs, probablement leur argent leur manque, ou ils se disent qu’ils peuvent ramener juste des pièces de société incompatible et les posé là au milieu … Peux être c’est le capitalisme avec tout ce qu’il leur apporte qui leur manque au font.
J’en sais rien et j’en ai rien à faire … Mais accessoirement il y a des noires qui ont le même parcours, et des chinois aussi …”


Qu’il frappe sur ce qu’il veut, après tout assez d’imbécile ont dût le dénigré parce qu’il était noir. Pas de chance que j’ai toujours travailler dans un contexte internationale où il y a certes plus de blanc pour le moment. Mais, surtout dans les domaines où l’intelligence est plus forte que le réseau, les écarts se tassent.

“Tu as raison Nathan, je ne saurais jamais qui tu es, mais il n’y a pas que de la croyance, il y a des fait qui sont là aussi posé et qui doivent être lié. Ni plus ni moins.
J’ai entendu des brides depuis ma remise, et ça ne colle pas avec ton histoire. De plus nous somme trop haut pour que tu sois monté avec tes chaussures, tu aurais eu des ampoules au minimum, des engelures plus probablement par-dessus, à moins que tu aies été lâcher en hélicoptère mais dans ce cas je n’aurais pas été le seul à te chercher. Et je l’aurais entendu passer. Ou il m’aurais appeler mon numéro est accessible à tous les gas du coin justement en cas d’avalanche hors je n’ai pas reçu de coup de fil. Et de tes amis non plus qui si ils sont joignable aurait dût appeler les secours qui m’aurais prévenu comme je suis le plus près de la zone … Plus près même qu’un hélico qui décolle d’en bas.
Un autre point, un téléphone satellitaire, même à bas prix coute deux milles euros à l’achat, et plus de milles euros par ans pour seulement quelques heures sur le dit forfait … Ce n’est pas un achat d’étudient standards, même d’étudient riche …

Alors si tu ne veux pas l’enterré justifie toi, sinon glisse là doucement sous un meuble.”


Je respire un coup, je ne m’attendais vraiment pas au prêchi prêchât sur la viande d’animaux … Il faut vraiment que j’arrête d’en parler. Ou au moins que je trouve une autre formulation.

“Je suis pharmacien de métier, tu penses vraiment que je ne connais pas les risques ? Je dois te paraitre totalement fou, je sais de quoi la chèvre allait mourir, je sais conserver de la viande, je sais aussi quand elle est bonne et quand elle ne l’est pas. Je ne mangerais pas de fugu aussi parce que je trouve ça stupide de prendre des risques inutiles. Tu peux toucher à ton assiette je te garantit que ma viande est plus saine que celle que tu manges en bas, je soigne mes animaux quand ils sont malade aussi, et avec des antibiotique si il le faut. Ils ne sont juste pas gavé de médicament en préventif.
Quand à ce que je chasse, un chasseur standard ferais moins attention aux animaux qu’ils chassent et prélève dans la nature, ce sont plus des bouchers que des cueilleurs, combien de cas d’intoxication chez eux ?
A part les toxines, les bactéries survivent jusqu’à quelle température ? Celle qui survivent survivent-elle dans un pH d’estomac ? Alors surement que le miens est plus bas que le tiens, de même que celui de mes chiens est plus bas que celui des chiens qui mangent des croquettes … Mais si tu ne veux pas de viande pas de souci mange des légumes seulement.”


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Nathan Weathers


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MessageSujet: Re: Neige, aiguilles et belles quenottes ! [Nathan]   Neige, aiguilles et belles quenottes ! [Nathan] Icon_minitimeMer 2 Aoû - 0:46

A l’évidence, sa petite manœuvre à la noix n’avait encore une fois pas porté ses fruits. La rhétorique finaude des avocats n’est pas d’un grand secours face aux énoncés de faits, dont la froideur ne laisse pas beaucoup de place au domaine complexe et foisonnant du possible. La voix du montagnard progresse dans cette jungle épaisse où Nathan avait cru trouver refuge, et elle la défriche tant et si bien, armée de la rude machette de la rationalité, que le jeune homme se retrouve à présent totalement à découvert. Et le déblayage méticuleux de Luc ne faisait pourtant paraître aucune route où ils pourraient ensemble diriger leurs pas. Aucune. Une fois la jungle des possibles déboisée à fond, il ne restait plus qu’un vide encombrant : celui de l’impossible, auquel personne n’avait la force de faire face.

Alors, en fin de compte, il n’était d'aucun intérêt pour Nathan à jongler avec les mots et à se faufiler entre les mailles du vrai et du faux comme un petit poisson, tout aussi agile soit-il : il était pris déjà dans la nasse. Cet homme le faisait tourner en bourrique depuis ce coup de téléphone qu’il avait surpris en écoutant aux portes : il était parfaitement au courant que son invité n’était pas celui qu’il prétendait être. Ce qu’il ignorait, c’était que derrière le mensonge, il n’y avait rien auquel il puisse accorder plus de crédit.
Nathan secoue la tête, pris à la gorge par un terrible sentiment de détresse, et abandonne sa fourchette au bord de son assiette en se laissant tomber dans le fond du fauteuil. Puis il enroule son bras valide tout autour de lui et se serre nerveusement dans une posture de repli, cramponnant ses doigts à l’espèce de protubérance douloureuse qu’était devenue son épaule. Un instinct naïf lui donnait l’espoir que ce bras-là ferait barrage aux tempêtes qui menaçaient de se déverser sur sa tête. Il s’imaginait trop facilement tomber entre les mains de la police, des psychologues et des docteurs, selon le bon vouloir de Luc qui avait lui seul le pouvoir de le faire descendre de cette montagne.

Malgré les hauteurs qu’il prenait, dans le fond, il n’avait pourtant pas l’air d’un mauvais bougre. Il le gardait à sa table, consentait à discuter et s’il avait voulu appeler les autorités compétentes, il en dissimulait fort bien l’intention. En fait, Nathan était tout bonnement incapable de comprendre ce qui se tramait dans ce crâne touffu qui ne faisait qu’élaborer de nouveaux monologues inspirés, sans se soucier des détails les plus élémentaires de leur échange – comme l’état critique de son invité, par exemple, qui ne savait plus du tout comment interpréter ce qui était en train de se passer. Toute ce scénario fabuleux de potentiel hydrogène mutant et d’ermite pseudo-mongol à l’estomac blindé lui montait à la tête, tout comme l’absurdité vertigineuse de l’ensemble de cette conversation. Comment avait-on pu en arriver là… ?

« Oh, Seigneur… Je… Qu'est-ce que c'est que ce charlatanisme, enfin... ? Déjà, il y a quand même un pas entre la pharmacie et la science vétérinaire… Et puis, les bactéries, c’est une chose, mais… » Son visage se crispe longtemps sur une grimace de concentration, mais il finit par réaliser qu’il ne dispose d’aucun moyen de raisonner cette fichue tête de pioche de montagnard. Qu’est-ce qu’il pouvait bien y faire, lui ? Il n’était qu’un stupide garçon encore à moitié assommé d’être passé sous le rouleau compresseur d’une avalanche, à peine deux ou trois heures plus tôt. C’était en dehors de ses compétences pour le moment. Il roule des yeux, profondément incrédule. « Pff… Vous faites bien comme vous voulez, mais ne vous étonnez pas si vous finissez un jour à l’hôpital parce qu'on s'est rendu compte que vous êtes infesté de parasites... »

Il secoue la tête lentement, submergé de fatigue, et laisse tomber sa tête en arrière contre le dossier du fauteuil, tirant en même temps d’un geste pénible le plaid qui glissait sur ses jambes. Il s’en enveloppe dans un frisson fiévreux, les yeux voilés derrière ses lunettes sales. Son regard se dirige un peu en biais vers Luc, perturbé dans sa course par la fêlure de ses verres. Il cligne lentement des paupières pour endiguer cette migraine atroce qui a refermé ses serres autour de sa nuque, de son crâne, de son front, et les a cruellement enfoncées dans ses orbites qu’elle gratte et trifouille de l’intérieur.
Après s’être débattu comme un beau diable et avoir tant parlé, il sent la faiblesse le clouer de mieux en mieux dans son siège. La chaleur du poêle, celle de ses chaussettes, de la fourrure du chien docilement allongé à ses pieds et de sa couverture l’entoure si bien, le thé avait eu des vertus si agréables, et pourtant tout ce confort est en train de le trahir à chaque seconde. Le rouge lui monte aux joues, signe que son sang reprenait vigoureusement ses galopades, et réveillait au passages les douleurs de son élongation. Ses mains ainsi que ses pieds, et le bout de son nez aussi, comme il l’avait pressenti un peu plus tôt, sans trop en souffrir, lui semblent gourds et enflés, même boursouflés dans le cas de ses orteils. Ce sont des élancements aigus qui parcourent la moindre parcelle de son corps et pour finir, il a toujours son bras coincé à l’intérieur de son pull dans une posture de plus en plus incommode.

Non, décidément, il est en bout de course.
La volonté qui l’anime encore ne lui donne plus l’énergie de beaucoup remuer. Et cependant, il s’éclaircit de nouveau la voix, pour essayer de donner un peu de répondant au monologue dont son hôte l’avait bercé pendant de longues minutes. On n’abandonnait pas une conversation de cette façon, surtout après l’avoir attisée si fougueusement. Il sourit doucement à Luc et à sa figure farouche et soupire en se frottant le visage dans le plaid. Importuné jusqu’à la douleur par les réfractions perçantes de la lumière dans les cassures de ses lunettes, il les ôte de son nez et monte les accrocher dans les boucles de son afro, au-dessus de son front. Il aurait peut-être l’air d’une petite taupe au museau stupidement concentré, aux yeux de ce gros ours, mais cela lui faisait décidément trop mal à la tête. Il se froisse les paupières sous ses doigts.

« Je ne sais pas si vous êtes fou mais… vous avez beaucoup de jugements dangereusement arrêtés. »

Il plisse ses lèvres, sans plus distinguer grand-chose des expressions de son voisin de table, et laisse son dos reposer complètement dans le fauteuil. Ses intonations sont plus monotones que tout à l’heure, son timbre plus bas, et sa voix plus lente. Mais c’était déjà un assez bel effort de continuer d’argumenter dans ces circonstances.

« C’est peut-être sécurisant pour vous, seulement… Enfin, je peux comprendre qu’on soit fatigué de voir se produire toute sorte de choses, mais à mon sens, quand on dispose d’un privilège comme le vôtre, on est mieux armé pour livrer bataille et il faut en faire profiter ceux qui ont trop peu de force pour se battre. »

Ses sourcils se froncent sévèrement, mais ses yeux myopes ont toujours une lueur lointaine, presque effacée, et cela ôte un peu de gravité à ses traits d’enfant.
Luc avait des réactions étranges pour quelqu’un qui n’avait pas vécu dans le ghetto, qui n’a pas à s’inquiéter de sortir le soir sans ses papiers, pas à se torturer les cheveux pour trouver un emploi, à travailler plus dur pour des rétributions égales ou moindres à celles des autres, ou appeler les flics et les attendre en espérant qu’ils braqueraient bien leur flingue sur les cambrioleurs pour cette fois. Histoire de ne pas encore faire la Une au vingt-heures et de s’entendre dire que s’il n’avait pas mis un jogging, ce soir-là, l’issue aurait été moins tragique. Nathan déglutit avec peine. La liste, il pouvait la dérouler à l’infini.

« C’est pourtant plus évident pour les gens comme vous. La société, avant de la subir, on l’habite. »

Ses dents grincent avec amertume et il baisse ses yeux flous, retenant en lui les étincelles d’indignation que ces quelques pensées avaient rallumées. Elles n’étaient pas essentiellement dirigées contre Luc, bien qu’il éprouve toujours un certain agacement à entendre ce genre de personnes se plaindre de leur sort, et rejeter la faute sur les autres plutôt que de chercher à arranger la situation, ou même seulement à balayer à leur porte. Pourtant, oui, d’après ce qu’il disait, ce montagnard aux traits rudes, ébouriffés de cheveux et de poils rêches, était non seulement un homme, un blanc, mais aussi un scientifique reconnu, un de ceux qui ont assez de moyens pour considérer l’idée de partir vivre en Mongolie, puis de revenir bâtir un chalet en haut des Alpes...
Comme beaucoup, il se situe en haut de la chaîne alimentaire et il ne réalise pas que les soucis qu’il a sont aussi le fardeau des autres, et que ceux-là en portent un lot supplémentaire dont il a la chance de ne pas connaître la couleur.
Et cet homme-là décidait qu’à la moindre injustice, il valait mieux déserter. C’était sans doute qu’il n’en avait pas croisées assez… Des violeurs non-condamnés, des policiers coupables de bavures, des politiciens qui jouaient impunément avec le bien des autres, des salauds qui échappaient à la justice, Nathan en voyait passer tous les jours. Ces sales types-là n’existaient que pour eux-mêmes. Ils ne voulaient pas faire partie de la société. Ils en étaient les répugnants parasites dont il fallait la purger, et ils auraient commis des méfaits similaires dans un monde où les êtres humains n’auraient pas eu l’instinct de vivre ensemble.
C’était cela qui lui insufflait de la colère, c’était ceux-là qui le poussaient à se battre, comme il aurait été bon qu’un riche indigné comme Luc en ait aussi été inspiré.

Nathan resserre sa main rougie dans un pli de son plaid et prend une petite inspiration pour calmer l’ébullition sauvage de ses pensées.

La société ne se déterminait pas toute seule. C’était comme demander à un foyer de se rendre agréable et d’attendre que par magie il le devienne.

« C’est à nous de la rendre belle, juste et accueillante – ou même tout simplement vivable pour tout le monde. » Il se racle la gorge, et se frappe un peu la joue du plat des doigts pour se sortir de cette torpeur qui engloutissait petit à petit ses paroles. Son ton se traîne. Ses yeux sont égarés sur les rainures qu’il devine vaguement creusées dans la table. « Je ne vous blâme pas de ne pas l’avoir fait, ou de ne pas songer aujourd’hui à le faire… Je le regrette, tout au plus. Quoi qu’il en soit, vous n’êtes pas en excellente position pour critiquer ce qui se passe aujourd’hui… en bas. La société, c’est ce qu’on a de meilleur : sans elle, les injustices qui vous indignent n’auraient pas même le nom d’injustices. Et on est beaucoup trop peu à en prendre soin. C’est ce qu’on fait aujourd’hui qui importe, pas ce que nos ancêtres ont pu accomplir… ou non, d’ailleurs, en bien ou en mal. »

Il dodeline encore de la tête, exténué, et décide qu’il n’ira pas plus loin dans sa plaidoirie. Il n’avait ni l’envie ni même la faculté d’expliquer à ce malheureux combien il se fichait que ses aïeux soient de la noblesse d’épée, ou Dieu savait quoi, et qu’ils aient ou non participé à la traite des Noirs. Ils auraient pu posséder une plantation de coton que ça n’aurait pas été son problème. Les Blancs aimaient beaucoup s’innocenter de leur Histoire et clamer qu’aujourd’hui, le monde allait mieux qu’avant. Cela les dispensait de beaucoup de réflexion et d’efforts. Et l’humilité leur échappait toujours aussi prodigieusement qu’autrefois.

Et cependant, malgré les étranges vitupérations anticapitalistes de son hôte, et les conclusions saugrenues auxquelles elles le faisaient arriver, le fond de sa réponse avait su satisfaire, ou du moins apaiser l’esprit si prompt à s’enflammer de Nathan.
Il n’aurait lui-même pas connu de pire déracinement que celui qui l’aurait coupé de sa propre famille. En fait, briser tout lien avec ses parents pendant une seule petite année de sa vie lui avait coûté bien plus qu’il n’avait voulu le reconnaître, même quand il avait décidé de renouer contact avec eux. La déchirure avait été d’autant plus vive qu’elle avait été marquée de disputes et de violentes désillusions. C’est difficile d’admettre, un beau jour, qu’on ne peut plus justifier le comportement de ses proches. Et ça l’est davantage de comprendre qu’aussi faillibles qu’ils soient, ils n’en demeurent pas moins une part vivante de la personne qu’on est devenue.
Alors Nathan comprenait, à sa façon, que Luc n’ait pas su reforger son existence si loin de sa famille. On ne peut pas se refaire entièrement. Certains attachements sont trop inextricables pour qu’il soit rendu même possible de s’en démêler. Quelque part, cet aveu avait sonné comme la chose la plus modeste, la plus pure et la plus sincère qu’il ait entendu vibrer jusqu’ici sur la grosse voix rocailleuse de son hôte. Et ça réjouissait bêtement ce pauvre Nathan, dans la torpeur maladive où son esprit était en train de s’égarer.

Son regard tombe maladroitement sur le contenu de son assiette qu’il a maintenant délaissée, puis sur toutes les cochonneries qu’il a répandues sur la nappe en essayant de se servir, et il soupire en ramenant honteusement ses yeux sur le bout de la table. Sa voix est un murmure à peine audible à présent.

« Vous savez, il suffirait que vous m’assuriez que cette chèvre-là n’était pas malade… Et je partagerai votre repas de bon cœur. C’est la plus élémentaire des politesses et c’est déjà bien assez embarrassant de vous la refuser… »

Il déglutit laborieusement, en essayant d’ignorer une petite certitude qui s’est fichée comme une pointe insistante dans son crâne. Que la viande soit comestible ou non, il était trop faible pour finir son assiette. Il ne rêvait que d’immobiliser ce bras qui le faisait souffrir en pendant inutilement sous la laine de son pull et d’ingurgiter assez de médicaments pour s'égarer au pays des légumes, jusqu’à ce que l’ordre du monde finisse par revenir à la normale.
Il soupire.

« Pour le reste… Vous feriez mieux de croire à ma version des faits. Honnêtement, je n’en ai pas de meilleure à vous proposer… Et je doute que qui que ce soit le puisse. » Ses yeux sont toujours baissés et leur lueur diffuse palpite derrière l’ombre de ses cils. Un sourire que l’ironie partage à l’amertume s’étire faiblement sur ses lèvres. « J'ai ça en horreur, mais... je vous laisse inventer mon histoire à ma place, si ça vous fait plaisir. Comme vous détenez visiblement plus de clefs que moi pour comprendre ce qui m'est arrivé... Moi j’ai bien d’autres soucis en tête pour le moment. »

N’y tenant plus, il finit par redresser la tête vers Luc et prononce d’une voix hésitante :

« Vous... vous n’auriez pas des antalgiques ? Des… médicaments et, et peut-être de l’arnica ? Ça m'ennuie de venir encore vous déranger mais… J’avoue que, là, je… je douille pas mal… Sans parler de mon épaule… croyez-le ou non… j’ai de quoi faire avec les engelures. » Un ricanement mal à l’aise lui échappe, tandis qu’il fait émerger ses doigts rougis et gonflés de sa couverture pour les tendre devant lui. « J’ai marché pendant plus d’une demi-heure là-haut, et je ne sais pas combien de temps j’ai passé sous la neige, alors… voyez. Si je puis me permettre, d'une façon générale… il faudrait peut-être réviser un peu votre manuel, Monsieur le Pharmacien. »

Son pauvre rire aux sons vaguement enjoués se perd distraitement dans le vide et il relâche tout à fait sa nuque en arrière, l’échine parcourue d’un long frisson de fièvre. Voilà qui était fait.
Il avait entonné son chant du cygne. Désormais il se sentait dans un état lamentable et il n'était plus question de défendre quoi que ce soit pour ce soir. Les activistes aussi avaient leurs limites, y compris les forcenés dans son genre. Maintenant, il fallait se concentrer sur des perspectives plus urgentes, sa santé par exemple, quelles que soient les obsessions de cet énergumène qui avait eu la bonté providentielle de l'héberger...
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Luc De Vernet


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MessageSujet: Re: Neige, aiguilles et belles quenottes ! [Nathan]   Neige, aiguilles et belles quenottes ! [Nathan] Icon_minitimeJeu 10 Aoû - 10:03

Je souris, finalement c’est bien un gamin, il est certain de certaines choses, sans vraiment plus s’y appuyer, et moi ce sourire me permet de caché un fait véritable et profond, j’aimerais bien l’aider, changer le monde, mais actuellement je ne peux pas regarder le monde dans les yeux, et crois moi ou non, changer le monde sans le regarder dans les yeux c’est comme faire des menaces en regardant ces pieds du genre : “Attention hein la prochaine c’est la dernière des dernières !”. Mais dans ma petite tête toute cabossé par le monde quelque chose me dit que si je suis revenu c’est peux être aussi pour ça, essayer de changer les choses, petit à petit, en partant d’autour de moi … Enfin les débat en famille sont déjà assez compliqué … Non c’est pas le bon bout pour faire avancer les choses … M’enfin.

“Aucun de nous ne s’en sort vivant, on arrêtera pas le vieillissement avant quelques années, et à ce moment-là il faudra faire une belle réflexion sur le transhumanisme parce que la terre aura du mal à supporter une autre transition démographique de masse … Donc je crèverais de quelque chose, cependant je penche plus l’accident de montagne débile en allant chercher des gens en shorts en haut du mont blanc …

Quand à ma force de me battre, tu en préjuge ici au milieu de la montagne, mais ici tout est bon et tout à de la force … Tu l’as dit toi-même c’est surement pour me sécuriser …”


Je laisse ma phrase en suspens un demi seconde, je n’ai pas l’envie de continuer je sens que ma boule se forme dans ma gorge, sincèrement … Maintenant, le gas en face est un gamin qui essaye de cacher quelque chose de plus gros que lui, plus gros que le monde dans son entier … Alors pourquoi ça remonte là et ça s’installe maintenant ? J’en sais trop rien mais ça m’agresse bien plus que ça ne devrais.
Brrr, dans un mouvement de tête je change de sujet.


“Je suis juste pharmacien, j’ai le droit de te foutre dans la gueule mais si tu as vraiment mal donne-moi ton poids, j’ai des pré-morphinique, il faut que tu puisse dormir pour que je puisse te descendre demain, et je suis pas sûr que tu aies très envie qu’un hélico vienne te chercher … Parce que si tu préfères je peux l’appeler.
Quand à ton bras, c’est une épaule démise pas une fracture, normalement je préfère qu’elle puisse bouger derrière pour pas que les ligaments ne fassent n’importe quoi … Mais c’est pas faux pour aller dormir il vaudrais mieux que je te la fixe, j’ai des bandes de cuire je vais te faire ça aussi …”


Je sors quelques minutes de la pièce, fouiller dans l’armoire à pharmacie bien remplie, ce n’est pas tout à fait vrai, je pourrais lui filer quelques médoc mais sincèrement ceux que je pourrais lui donné aurait un intérêt limité, alors je sors mes comprimé de morphine, même si je n’ai pas trop le droit de les donné à d’autres humains que moi, et le Tramadol qui traine dans mon armoire, je lui prend aussi un gel à l’arnica j’en ai toujours un... Puis je récupère mon cuire et des bandes pour lui faire une zone de soutient.

Je pose les comprimé sur la table en lui expliquant alors que je commence à faire son atèle :


“Ça fait longtemps que je n’en ai plus fait d’atèle, alors dit-moi si ça fait mal ou si c’est trop serrer, quant aux comprimé je t’ai sorti de la morphine, si tu en as déjà pris par le passé et que tu sais ne pas y être allergique, sinon j’ai du tramadol, ça devrais faire l’affaire, en France on l’appelle Ixprime, c’est un des gros pré morphinique …
Je suis rouiller, disons que je me suis trouver un peux con avec un Nathan en costard sous la neige, c’est bien la première fois que ça m’arrive, j’ai toutes les raisons d’être rouiller. Quant au reste, je ne suis pas fan d’hotté la douleur, surtout aux engelures, ça permet de savoir ce qu’il en est, mais je viendrais t’occulter demain matin. Dis-toi que tant que ça fait mal c’est qu’il ne faut pas le coupé … Et malheureusement sur des temps cours c’est encore le meilleur moyen de savoir.

Et la chèvre, elle n’était pas malade. Juste une vieille vénérienne qu’on appelle la vie et qui allais la quitté parce que ce n’est pas une méduse mais une chèvre. Tu n’en mangera jamais en bas parce que la viande est trop dure, à trop de gout, mais elle ne risque rien, et puis comme ça elle est loin de ça …

Aller ça devrais tenir, bouge pas je te porte jusqu’à mon lit, il est bien plus confortable que le dortoir, je dormirais ici, et laisserais la porte ouverte, n’hésite pas à crier … Il vas falloir que tu dorme c’est important, bien plus que d’essayer de me faire descendre pour utiliser mes privilèges. Ou me faire changer d’avis.”


Après lui avoir laisser choisir ce qu’il voulait puis manger un brin je le porte jusqu’au lit ou je le pose sur le dos et le borde. Puis je me dirige vers le salon où le feu brule encore.
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Nathan Weathers


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MessageSujet: Re: Neige, aiguilles et belles quenottes ! [Nathan]   Neige, aiguilles et belles quenottes ! [Nathan] Icon_minitimeDim 17 Déc - 1:54

Les médicaments sont costauds, c’est du sérieux. Après avoir bien piqué du nez dans son assiette et fait autant d’efforts que possible pour honorer le repas copieux de son hôte, Nathan se laisse traîner comme une loque jusqu’à la chambre douillette où Luc le couche et le borde avec soin. Pas loin de l’inconscience, il a néanmoins encore assez d’esprit pour connaître le sentiment doux-amer de la maladie qui conduit aux excès de faiblesse les plus insupportables. C’est à la fois frustrant de ne plus pouvoir seulement se déplacer qu’en réclamant un appui comme une canne de vieillesse, et à la fois infiniment réconfortant d’avoir dans ces moments quelqu’un sur qui compter et à qui s’abandonner en toute confiance.
Il fronce un peu des sourcils, en s’effondrant dans un oreiller moelleux qui semble d’une fraîcheur inespérée à sa nuque fiévreuse, et il essaie de se souvenir, à travers la brume qui couvre ses pensées, de quand date exactement cette tranquillité d’esprit qu’il éprouvait maintenant à l’égard de Luc.

Murmurant quelques remerciements à peine audibles entre ses lèvres engourdies, il replie malhabilement ses lunettes cassées et les glisse sur la housse en coton, non loin de la tête de lit, pour les retrouver facilement, le lendemain venu. Et puis, il se laisse glisser complètement dans le creux au milieu du matelas – l’empreinte qu’avait dû y laisser le poids de Luc sûrement, à force de dormir toujours à la même place. Un soupir brûlant échappe à Nathan, tandis qu’il ferme irrésistiblement les yeux. C’est bien. Ça donne comme un peu d’humanité à la literie. Il se croirait presque dans les bras d’Andrea – c’est familier et réconfortant.
Il ne sent plus le bout de son nez. La faute aux engelures. C’est une impression bizarre. Sa tête roule doucement sur le côté, les tempes déjà couvertes de sueur. Ses doigts aussi semblent inertes, du moins, jusqu’à ce que, petit à petit, ses muscles recommencent à fourmiller et que ses mains se referment, dans le noir, autour d’un fin pupitre dont il reconnaît instinctivement les fines rainures.

La salle s’esquisse par petites touches autour de lui et apparaît finalement avec netteté à son regard. Il repousse ses lunettes sur son nez avec sérieux. Dispersé sur son pupitre en un fouillis déplorable, son dossier est écrit en pattes de mouche illisibles et il tente de décrypter sa propre écriture, ordinairement si propre, avec une peine douloureuse. On n’a jamais vu plus piètre plaidoirie. Il passe une main angoissée dans sa nuque, où se colle désagréablement le col de sa chemise imbibé de transpiration. Il a chaud et froid à la fois. Son costume orange est trempé et déchiré de toute part. Ses chaussures émettent des bruits de succion sur le carrelage, alors qu’il oscille d’un pied sur l’autre.
La Cour s’impatiente. Nathan prend une grosse inspiration, le ventre plombé de malaise, et lève un regard incrédule vers le bureau de la Présidente qui trône au fond du tribunal.

« Non, mais… Enfin quoi, c’est grotesque. Vous n’allez pas croire un délire pareil, Madame la Juge.
Et pourquoi pas ?
rétorque-t-elle, d’un bêlement dédaigneux. C’est encore le plus plausible, Maître Weathers. »

Les gros yeux de la juge Chèvre, avec leur pupille écrasée, le fixent avec malveillance. C’était peut-être cette robe noire dont elle est empêtrée qui la mettait de si mauvaise humeur. Il est vrai qu’elle ne lui va pas du tout. En attendant, Nathan reste impressionné par la férocité de cette figure, et il frémit, sidéré, en réalisant soudain quel parti elle avait choisi de prendre. D’un bloc, il se tourne vers Luc, posté au banc de l’accusation, habillé d’une espèce de nappe à carreaux, et il s’étouffe de stupeur :

« Le plus plausible ? Il n’y a pas un atome de sens commun là-dedans !
Eh bien, oui, le plus plausible : vous ne pensez pas que c’est votre triste histoire qui convaincra les jurés ! »

D’un sabot tranchant, elle jette un large geste en direction du banc du jury, constitué d’une bande de joueurs de base-ball aux couleurs des Sox. Leurs casquettes noires ombragent une bonne partie de leur visage, d’autant qu’ils le gardent méticuleusement penchés sur leurs notes – leurs traits sont parfaitement indistincts à Nathan. Non loin d’eux, à la table des greffiers, un petit homme énervé en robe de moine bouddhiste reproduit sur un grand cahier chacune des paroles prononcées au cours de l’audience. Son crayon grince odieusement sur le papier et hérisse Nathan à tout instant de frissons intolérables, comme s’il était en train d’inscrire ces mots sur l’entortillement brûlant de ses nerfs. Il se dresse de toute sa hauteur depuis son pupitre et désigne à son tour le montagnard d’un mouvement excédé.

« Mais c’est une conspiration ! Vous n’allez tout de même pas porter crédit au récit d’un homme avec une hygiène de vie aussi déplorable ! » Sur le moment, l’argument lui semble particulièrement percutant – mais à l’évidence, il ne fait pas mouche. La Juge Chèvre bat de ses longs cils sur ses yeux globuleux. Nathan se trémousse, mal à l’aise, s’appuie à la barre, et se penche en avant pour confier à mi-voix le comble honteux de cette infamie : « Vous vous rendez compte qu’au stade où il en est… il est sans doute infesté de parasites... ? »

La Chèvre soupire avec emphase. Elle échange une sorte de regard désabusé avec le greffier, qui tapote sa table de son crayon infernal – aux oreilles du jeune homme, le bruit résonne comme la cacophonie d’un marteau-piqueur.

« Jouons cartes sur table, maître Weathers. C’est une affaire sérieuse, nous nous passerons de vos simagrées d’avocat. Que savez-vous de l’effet Davis ?
Mais de… je, euh, l’effet Davis… de quoi ?!
Les téléportations, Maître Weathers.
Mais je vous ai déjà dit que ça n’avait rien à voir avec vos fichues téléportations !
s'exclame le pauvre avocat. Enfin c’est insensé comme discussion, est-ce qu’on pourrait passer à autre chose, s’il vous plaît ? »

Un bourdonnement indigné descend en escadrille depuis le banc des jurés. Le greffier, quant à lui, a cessé de jouer de son crayon et s’écrie en le jetant brusquement aux pieds du garçon :

« Vous y mettez quand même beaucoup de mauvaise volonté ! Ça porte au soupçon !
Mais au soupçon de quoi ??
Tout porte à croire que vous êtes un anormal, une singularité, un inadapté, une aberration, en somme, Monsieur ! Il serait judicieux de cesser de le nier, et de passer aux aveux.
Mais… mais je... »

Son nez lui fait mal, tout à coup, et au beau milieu d’une quinte de toux qui le prend par surprise, il pousse un gigantesque éternuement qui lui défonce proprement les poumons et résonne avec puissance dans toute la salle.

« Oh ! »

Des feuilles se froissent, un peu partout, tandis qu’il s’essuie le nez dans la manche miteuse de sa veste de costume. Quand il redresse la tête, fébrilement, pour parcourir le tribunal d’un regard voilé, il constate que tout l’auditoire, ainsi que les magistrats, se sont paralysés, frappés d'un choc extrême. Le bouddhiste greffier s’appuie à deux mains sur sa table et se penche en avant, avec un soupir exagéré. Il a des yeux petits, noirs, et renfoncés dans ses orbites, qui lui donnent un air sournoisement porcin.

« Eh bien, voilà, Votre Honneur, ceci est le témoignage le plus important que nous ayons reçu jusqu’à présent.
Quel témoignage… ??
Selon l’article 42, toute personne malade sera déclarée coupable et devra être mangée.
Quoi ??
Oui, c’est exact,
confirme la Chèvre, en hochant la tête. C’en est fait de vous, Maître Weathers.
Mais, mais…
suffoque Nathan. Enfin, cet article ne fait même pas partie du code, vous venez de l’inventer à l’instant !
Jurés,
annonce la Présidente d’un digne chevrotement, il est temps de délibérer. »

Les casquettes noires des Sox opinent avec diligence, depuis leur banc surélevé, mais le greffier aux longues oreilles, depuis son bureau, se fâche soudain tout rouge et proteste en tapant du poing :

« Non, non, l’arrêt d’abord, on délibérera après !
Ça n’a pas de sens,
martèle Nathan, il faut délibérer avant de proclamer l’arrêt !
Taisez-vous !
Je ne me tairai pas !
Qu’on s’empare de lui ! »

Le bêlement féroce de la Juge fait sauter en l’air tous les joueurs de base-ball. Comme un seul homme, ils envoient tous balader leur long pupitre pour fondre sur Nathan qui pousse un cri sous leur assaut, moitié de peur, moitié de colère. Ses chaussures trempées claquent sur le carrelage en damier du couloir, alors qu’il recule pour s’enfuir, mais les Sox le cernent dans un tourbillon incompréhensible, plongent sur lui, tête la première et bras en avant, et l’ensevelissent sous leurs corps indistincts.
Nathan se débat comme un beau diable entre leurs poignes, repousse du plat de la main, envoie des coups de pieds et fait rageusement voler des casquettes, et il étouffe et crie, et suffoque, sans réaliser – ou vaguement, peut-être – que le poids de ses assaillants n’est que celui, lourd et fiévreux, des draps et des couvertures de son lit.

Il ouvre ses yeux myopes sur le plafond du chalet de Luc, les pupilles explosées de délire, et ses mains s’agrippent fébrilement à sa couette dont il cherche encore maladroitement à se dégager. Il perçoit une présence au-dessus de lui. C’est massif et sombre – et ça dégage une chaleur de forge, une odeur de résine et de feu. Son cœur s’emballe brusquement, il se redresse sur ses coudes et recule d’urgence dans ses oreillers, l’esprit très éparpillé.

« J’ai… j’ai dit que je ne savais rien du tout sur l’effet… l’effet Davis, d’a-d’accord… ? Laissez… laissez-moi tranquille, maintenant... »
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